Tous ensemble, combattre toutes les violences d’Etat: orientation de travail, proposition à faire à l’assemblée des assemblées
Ce qui suit est la mise en forme d'une idée adoptée à l’assemblée des gilets jaunes Enseignement-Recherche du 11 juin. Elle fera partie du mandat de nos délégués à l'assemblée des assemblées de Montceau les Mines. Elle est à discuter, enrichir, améliorer.
Véro Thu 13 Jun 2019 6:47AM
Merci Christian, oui je pense que c'est bien de se donner un peu de temps - que faisons-nous pour le 29 ??
Pourcher Thu 13 Jun 2019 10:20PM
Merci, Christian.
Voici un thème crucial (même au sens propre) pour tous les gilets jaunes.
J’adhère à tout ce texte , mais voudrais juste mentionner un ou 2 points, très modestement, qui pourraient peut être aussi faire partie de cette lutte.
Avant celà, tu n’as pas mentionné dans l’énonciation des groupes victimes des violences les militants écologistes: pourtant, il y a eu la mort d’un jeune homme, et il me semble que les.frappes et exactions ne sont pas douces à Bure, et ne le furent non plus à la Zad.
Pour le combat contre la répression, ne peut on recourir aussi à des voies tout à fait légales, qui dérangeraient beaucoup les oppresseurs: je pense à des recours à la Cour européenne des droits de l’homme, que l’on pourrait monter avec l’aide d’avocats qui nous soutiennent, justement après avoir recensé tous les actes de violence (armes de guerre!), menaces, intimidation, mal traitance interdits ou dénoncés en Europe.
Et en France, L'interpellation des élus, les pétitions etc..pour exiger que ces exactions soient jugées par des tribunaux et non par le Parquet ou l’administration.
Bref, il y a aussi tant d’autres voies pour faire reculer les oppresseurs, qui pourraient, me semble t’il, être suivies par des groupes de travail, parallèlement ou à la suite des enquêtes des groupes travaillant au recensement.?
Claude
Bloch Fri 14 Jun 2019 7:38AM
Merci à tous-tes. Mais les délais sont très longs s'agissant de la saisine de la CEDH (https://centre-csdm.org/wp-content/uploads/2016/02/Case_Processing_FRA.pdf) et pendant ce temps, les différents mouvements sociaux font quoi pour faire avancer leurs revendications et changer de paradigme ?
La France a déjà été tancée par la Commissaire aux Droits de l'Homme, Michèle Bachelet, pour l'utilisation d'armes inappropriées dont certaines furent déjà utilisées lors de la lutte de Plogoff en 1980-81 (cf. Renée Conan, Annie Laurent, " Les femmes de Plogoff") . La France a une pratique coutumière de la répression des mouvements sociaux, donc ! Quant au Parquet et aux juridictions habituelles, nous savons bien qu'elles sont susceptibles de prononcer comme verdicts si toutefois elles prennent en compte les plaintes. Pendant ce temps où le mouvement est mobilisé là-dessus, le smillblick n'avance pas et la vie quotidienne des Gilets Jaunes et autres blesséEs n'a pas avancé d'un pouce. D'où ma proposition d'avancer sur deux pieds : combattre la répression certes mais aussi créer de nouvelles manières de vivre, de consommer, de se loger, etc...
Françoise
Pourcher Fri 14 Jun 2019 11:41AM
Hélas, Françoise, j’avais compris que ce long marathon pour arriver à la justice européenne était réservé à la Cour de justice européenne, et non à la
CEDH!
Effectivement, ça doit prendre des années d’efforts et à bien peu de chances de réussir..
Je sais bien que le gouvernement ne réagis guère aux condamnations, mais cela ternit beaucoup son image au plan international.
J’ai vécu comme toi à Genève des miracles grâce à la ténacité et à l’engagement d’associations: je pense aux Bains des Pâques qui ont été sauvés de la
destruction en vue d’un projet commercial soutenu par l’état, par l’association de quartier dont j’étais membre et aussi au projet de l’îlot derrière la gare
où travaille un ami, sauvé de la même façon. Tout le monde participait selon ses moyens et compétences.
Et tu cites des projets semblables en France.
Mais il y a en France une hégémonie de l’élitisme même au cœur des associations qui me désole!
On avait créé une association avec une amie, je voulais que tous les membres participent à des groupes de travail s’ils le voulaient, se rencontrent etc___
Mais le président que l’on avait choisi pour ses solides compétences pour notre cause pensait que les membres, c’est pour faire nombre (avec un petit
journal, des projets, on avait vite eu 400 membres enthousiastes) et finalement, c’est ainsi qu’a Fonctionné l’association depuis, efficace en ses actions
mais sans aucune participation des membres sinon par leur vote lors de l’AG annuelle, et je suis partie .
Tu as bien sûr entièrement raison ; il faut développer - au moins parallèlement à la lutte contre la brutalité de la répression - des modes de vie alternatifs.
Je me trompe peut être mais je ressens -en tout cas dans le milieu rural où je vis et le groupe GJ que j’ai intégré à Montceau, ville autrefois ouvrière,
mineurs en bas de l’échelle sociale mais si fiers de leur métier, aujourd’hui, chômeurs et travailleurs pauvres, - que cela demande une approche et une
préparation avec beaucoup de patience et de doigté déjà pour leur faire découvrir que c’est possible!
Chez les jeunes, c’est plus facile et c’est parfois déjà là. Il y a des jeunes à Montceau qui projettent de rejoindre un jour la ZAD ou un autre projet du
même type, mais chez les plus âgés c’est autre chose.
Je ressens que les projets de Maurizio visent à rendre cela possible.
J’étudie ses propositions , avec toujours en tête : comment cela serait il possible dans le groupe de Montceau.....et je pense qu’il y en a beaucoup comme
eux
Et ce qui m’attriste c’est cette image de ces petits groupes lors des réunions, qui se parlent entre eux (déjà un miracle de persévérance pour que les 2
ronds points autrefois rivaux travaillent ensemble) , mais ce sont toujours les mêmes qui osent prendre la parole devant le groupe.
On dit que le mouvement des GJ à permis d’entendre la voix de ceux qui subissent en silence, mais pour le moment, c’est une voix de groupes!
C’est une formidable solidarité, une détermination inébranlable, mais je me demande si on ne pourrait pas proposer par exemple des ateliers d’un jour
dans un groupe pour donner à ceux qui n’osent pas s’exprimer la confiance et les moyens de le faire. C’est peut être encore une idée stupide, mais j’ai vu
les métamorphoses de jeunes timides et muets grâce aux cours et ateliers de « théâtre » par des comédiens (mes plus proches amis lorsque
j’enseignais),et il me semble que c’est une des bases qui permet le déloppement de nos projets.
Voilà Françoise,
je vais de temps en temps à Genève voir mes mais et ma filleule et aurai grand plaisir à te rencontrer.
Je transmets ce message à Maurizio, au cas où il aurait le temps de le lire.
Amitiés!
Claude
Message du 14/06/19 09:38
De : "Bloch (Framavox)"
A : claude.pourcher@wanadoo.fr
Copie à :
Objet : [Gilets Jaunes de l'Enseignement et de la Recherche] Tous ensemble, combattre toutes les violences d’Etat: orientation de travail, proposition à
faire à l’assemblée des assemblées
Bloch Sat 15 Jun 2019 11:48AM
Dans le genre " alternatives" à Langouët, au Nord de Rennes. ça pourrait donner des idées à d'autres
https://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/13h15/13h15-du-samedi-15-juin-2019_3465431.html
Pourcher Mon 17 Jun 2019 1:09PM
Christian,
Je vois que les propositions des groupes doivent être envoyées à Montceau jusqu’à demain (ils sont assez généreux pour accepter un petit retard)
Ta proposition va t’elle être discutée encore, et il faudrait que cela se fasse très rapidement, ou va t’elle être envoyée telle quelle?
(J’ai déjà émis une ou 2 suggestions à ce sujet?)
Et sinon, peux tu me dire où on en est maintenant sur ce sujet crucial.....car je suis déléguée du collectif et tiens absolument à refléter sa position!
Le plus précisément possible!
Merci beaucoup!
Claude
Message du 12/06/19 17:00
De : "Topalov (Framavox)"
A : claude.pourcher@wanadoo.fr
Copie à :
Objet : [Gilets Jaunes de l'Enseignement et de la Recherche] Tous ensemble, combattre toutes les violences d’Etat: orientation de travail, proposition à
faire à l’assemblée des assemblées
Pourcher Mon 17 Jun 2019 2:00PM
Christian, je pense que les suggestions de Maurizio et son analyse ci dessous copiées sont aussi essentielles. Je propose de rédiger une suggestion
decsunthèse des 2 et de vous la soumettre pour préciser le mandat!
Claude
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Partout, nous avons été dans les rues, les ronds-points et les assemblées avec les gilets jaunes et en gilet jaune. Et nous nous sommes posé.e.s la
question de lutter pour et dans « nos ronds-points à nous », à savoir ce qu’on appelle l’éducation nationale, dans lequel le savoir et l’intelligence
collectives sont progressivement réduites, travaillées et structurées en fonction d’une pensée bâtie uniquement sur la base du modèle de société qui nous
opprime. C’est aussi sur ce plan, que nous croyons utile et nécessaire travailler et marcher en gilet jaune.
Et nous l’avons fait avec vous, sur Paris mais aussi à travers la France (et maintenant l’étranger), à partir de nos échanges et des nouveaux liens que
chacun.e de nous a permis d’ouvrir.
Quand nous avons lancé notre Nous accusons, d’autres voix se sont unies. Presque trente mille, aujourd’hui. Car c’est là aussi une autre petite pierre qui
nous aide à fissurer la muraille de mensonges et de violence dressée par le pouvoir face à ses justes demandes.
Nos savoirs et nos mots sont ceux qu’on a appris sur le front du mouvement. Ne vous trompez pas, chers Laurent, Pascal, Anne et Olivier, nous n’avons
aucune intention de nous réunir pour « cogiter » dans les salles des universités pour porter ensuite notre parole au mouvement. Tout au moins pour moi,
c’est bien le contraire que je souhaite et que j’espère.
A mes yeux, si le collectif des gilets jaunes de l’enseignement et de la recherche a un sens, il se trouve dans la capacité de se ressourcer dans l’énorme
puit de savoirs et connaissances concrètes et vivantes, comme vient de nous le rappeler Olivier dans le beau message qu’il nous a envoyé hier.
Pour autant je crois qu’il faut vraiment réfléchir collectivement à la question de la violence et du statut des manifestations.
Nous avons été et nous serons encore dans les rues et dans les places pour défendre et imposer le droit de manifester. Et, bien entendu, nous devons
essayer de tout faire pour continuer à dénoncer l’incroyable violence qui s’abat sur le mouvement. Mais j’ai du mal à concevoir que la croissance du
mouvement puisse passer par le « partage de sérum physiologique dans les nuages des lacrymogènes » comme le suggèrent certains d’entre vous.
Certes ces moments constituent des expériences qui marquent. Et nous savons tous combien le cœur se remplit de joie quand nous marchons dans la
foule et avec la foule. C’est une expérience unique et enivrante. Nous en ressort renforcés. En même temps, je ne parviens pas à ne pas me dire que,
depuis janvier, le mouvement a perdu progressivement pied sur le terrain quelques mots en vitesse à propos du débat ouvert sur les formes d'adhésion au
mouvementqui le caractérisait et qui lui a fourni son incroyable et insoupçonnable force, à savoir le contrôle capillaire du territoire par l’occupation des
ronds-points et par la fleuraison des assemblées citoyennes.
La nécessité de montrer sa force en manifestant dans les grandes villes était juste et justifiée. Il fallait le faire et il faut le faire. Mais la stratégie du
pouvoir nous a enfermés non seulement dans une dynamique de violence qui estropie, blesse et incarcère des milliers de citoyens inermes mais qui
détourne progressivement le mouvement du noyau dur qui a constitué et qui constitue encore son identité profonde : son enracinement dans un territoire
et sa capacité de reconstituer les liens cassés de la toile sociale.
Mon sentiment est vraiment qu’il faudrait que l’ensemble du mouvement essaye de réfléchir sur la possibilité de penser à des stratégies d’occupation de
l’espace public alternatives à celles dans lesquelles nous sommes contraints entre nassages, rangés de police, gazages, bombes et attaques de la BAC (voir
notamment la lecture de la dernière manifestation par Marnix). Vous me direz si je me trompe mais je crois vraiment qu’il faudrait imaginer d’autres
formes d’occupation de l’espace public. Et je crois qu’il faudrait tout faire pour revenir aux fondamentaux du mouvement.
Il y a quelques jours, j’avais évoqué les quelques mots en vitesse à propos du débat ouvert sur les formes d'adhésion au mouvement, suggestions qui
sortaient du travail de nombreuses commissions dans l’Assemblée des Assemblée de Saint-Nazaire. D’autres assemblées ont aussi suggéré des stratégies
visant davantage le blocage de nœuds Je n’ai pas plus de suggestions à donner maintenant. Mais je pense qu’il faudrait vraiment stimuler l’intelligence
collective des gilets jaunes pour que le mouvement trouve la manière d’imaginer de formes alternatives, plus inventives et moins pénalisantes de
manifester et élargir son assise.
_
Message du 12/06/19 17:00
De : "Topalov (Framavox)"
A : claude.pourcher@wanadoo.fr
Copie à :
Objet : [Gilets Jaunes de l'Enseignement et de la Recherche] Tous ensemble, combattre toutes les violences d’Etat: orientation de travail, proposition à
faire à l’assemblée des assemblées
Topalov · Wed 12 Jun 2019 2:59PM
Ce qui suit est la mise en forme d'une idée adoptée à l’assemblée des gilets jaunes Enseignement-Recherche du 11 juin. Elle fera partie du mandat de nos délégués à l'assemblée des assemblées de Montceau les Mines. Elle est à discuter, enrichir, améliorer.
Depuis le début du mouvement, les gilets jaunes sont l’objet d’une répression policière et judiciaire d’une extrême violence. Nous honorons nos victimes, nous accusons le gouvernement d’avoir déclenché ces violences et nos protestations rencontrent un important écho chez les citoyens de ce pays.
Nous ne sommes pas les seuls à être attaqués. Des policiers frappent sauvagement et impunément aussi dans les quartiers populaires, aux frontières et contre les campements de migrants, dans les zad. Ils humilient, mutilent, parfois ils tuent. Des tribunaux prononcent sans raison des peines lourdes contre des syndicalistes, des jeunes qui défendent la planète ou des études ouvertes à tous. Des administrations menacent ou sévissent contre les postiers, les enseignants et les étudiants en lutte.
Il est temps que les gilets jaunes et les autres mouvements sociaux attaqués par le même pouvoir se serrent les coudes. Nous n’avons pas tous les mêmes objectifs, les mêmes idées, la même histoire. Mais nous avons toutes les raisons de nous retrouver pour dénoncer ensemble les violences d’Etat et les faire cesser.
On peut s’attendre à ce que ce gouvernement illégitime continue à frapper durement tous ceux qui contestent le désordre établi. Il nous faut donc, avec eux, nous organiser dans la durée pour riposter au niveau nécessaire.
Il faut le faire au niveau local. Organiser la protestation et la solidarité chaque fois que la violence d’Etat frappe. Travailler ensemble, groupes de gilets jaunes et organisations diverses à l’échelle d’une ville ou d’un département, pour recenser toutes les violences en permanence, les faire connaître, les combattre.
On peut le faire aussi au niveau national. Appeler ensemble, groupes de gilets jaunes et organisations concernées de toutes sortes, à une grande manifestation de rue : « Il faut que cessent les violences d’Etat ». Par exemple le jour anniversaire de l’acte I (qui est aussi l’anniversaire de la fin des émeutes des quartiers populaires en 2005). Ou avant.
Travaillons avec tous ceux qui voudront nous rejoindre ou agir en parallèle dans ce combat, sans leur demander d’être d’accord sur tout avec nous, sans rien lâcher non plus de nos propres objectifs et convictions. Mais avec un seul but : faire cesser les violences d’Etat sous toutes leurs formes.