De quel système de santé voulons-nous demain ?
Je suis médecin hospitalier en Corrèze. Année après année on observe une dégradation de notre offre de soins. L'hôpital se transforme en entreprise. Le soin doit devenir rentable. Depuis l'instauration de la tarification à l'activité (T2A) ce sont les orientations financières qui prennent le dessus au détriment des soins. Les administrations ont pris le pouvoir totalement et le management maltraite les soignants. Fermeture de lits d'hospitalisation, diminution des effectifs soignants. Tous les ingrédients sont présents pour démobiliser les soignants et les faire fuir de notre système d'hospitalisation publique.
Il faut très rapidement repenser l'organisation de l'hôpital public. Les soignants et les citoyens doivent reprendre la main et s'imposer afin que nos hôpitaux redeviennent un bien commun au service de tous.
Les belles paroles et les bonnes intentions ne suffiront pas. Il va être indispensable de rentrer dans l'action.
Sophie Sainte-Marie Thu 4 Jun 2020 12:27PM
Il me semble que tout se joue dans un truc qui s'appelle la loi de programmation des finances publiques. Est-ce qu'il y a des nouvelles du Ségur de la santé ?
jeff3786 Thu 4 Jun 2020 12:52PM
Oui maintenant que les gouvernements successifs ont vidé de sens la sécu de 1946, son financement est régi par la loi de finance de la secu votée par le parlement et qui fixe ODAM (objectifs des dépenses assurance maladie).
De 1946 à 1991 le financement était assuré par les seules cotisations, c'est en 1991 que la CSG fut instaurée par M Roccard pour combler le trou de la sécu puis en 1995 le plan, dit Juppé, de financement annuelle et des lors les plans d'économie successifs.
Pour le ségur qui vient de commencer je vous renvoie au discours introductif de notre 1° ministre ci-joint
Le jeu. 4 juin 2020 à 14:27, Sophie Sainte-Marie (Framavox) notifications@framavox.org a écrit :
Sophie Sainte-Marie Thu 4 Jun 2020 1:06PM
Alors que faire, si ce n'est inonder les boites mails des parlementaires ou lancer une pétition écrite auprès du CESE. La privatisation de la santé En Marche, la fin du paritarisme annoncé... C'est terrible !
Guylène Thu 4 Jun 2020 5:20PM
Bonjour, je suis une aide-soignante en service hospitalier affaibli par la période covid. Pour moi c'est le début de la mobilisation, je suis donc pleine de ferveur! Je me sens en demande d'action concrète et locale. Je fais appel à vos expériences. Je réfléchis en m'inspirant de l'asso Extinction Rebellion, est-ce qu'on pourrait pas imaginer des actions dans nos hopitaux qui court-circuiterait les décisionnaires?
Sophie Sainte-Marie Sun 7 Jun 2020 3:23PM
Bonjour, est-ce que vous avez rejoint le collectif Inter-urgences https://www.interurgences.fr ou Collectif inter-hopitaux https://www.collectif-inter-hopitaux.org ? Il y a aussi le collectif des désobéissants http://www.desobeir.net/se-former/les-stages/ Eux, ils font de la formation à la désobéissance civile.
jeff3786 Sun 7 Jun 2020 4:32PM
Ni l'un ni l'autre mais la coordination nationale des hopitaux http://coordination-defense-sante.org/
Le dim. 7 juin 2020 à 17:24, Sophie Sainte-Marie (Framavox) notifications@framavox.org a écrit :
Sophie Sainte-Marie Sun 7 Jun 2020 5:33PM
Et comment ça se passe en pratique ?
Morin Fri 12 Jun 2020 9:03PM
À Bordeaux, la lutte pour l’hôpital Robert Piqué reprend, d’autant plus légitimée par la crise sanitaire ( rassemblement demain samedi 13 juin à 11h devant l’hôpital)
Appel du 30 avril 2020 pour la constitution d’un mouvement pluraliste et fédérateur*
«SAUVONS ROBERT PICQUÉ» (l’Hôpital et le Site)
Nous sommes de nombreux militant-e-s à être impliqué-e-s, depuis 2015, dans la défense de notre Hôpital Robert PICQUE (HRP), connu et apprécié par de très nombreux citoyens militaires ou civils depuis plusieurs décennies. Sa qualité a été confirmée pleinement par les derniers rapports officiels : celui dit d’accréditation en 2003, élaboré par l’A.N.A.E.S. (il faisait suite à la rénovation d’une partie importante de l’HRP en 2001 pour plus de 30 millions d’€ ...il serait très regrettable de les faire partir en fumée avec la quasi-totalité des bâtiments, de « qualité durable » !), et celui de « certification » de la H.A.S. en mai 2019.
Nous poursuivons notre opposition au projet Bahia (signé officiellement en 2016) qui, sous le masque de « regroupement » avec la Maison de Santé Privée et Confessionnelle Bagatelle, procède au démantèlement de cet HRP, supprime une centaine de lits hospitaliers, abandonne des prestations sanitaires telles que service d’odontologie, service santé- voyages-vaccinations, laboratoires de biologie, etc... et réduit considérablement la capacité à répondre à des catastrophes sanitaires sur les plans nucléaire, radiologique, infectieux et chimique.
Dans un contexte général de privatisation croissante de notre système de santé et d’austérité pour ses services publics, ce sacrifice d’un hôpital militaro-civil répond à l’injonction du plan SSA 2020 qui après la fermeture du Val de Grâce en 2016, s’attaque à plusieurs hôpitaux dont l’HRP.
Nous avons, à maintes reprises, dénoncé les aspects sanitaires, économiques et environnementaux de ce programme Bahia qui souhaitait se décliner silencieusement et faire croire qu’il recueillait la quasi unanimité des acteurs concernés. Nous avons réussi, malgré de nombreux obstacles, face à des forces considérables, à dévoiler sa réalité et à faire partager notre analyse par la majorité de la population concernée.
Mais nous ne sommes pas parvenus, pour l’instant, à inverser le cours des choses :
- les élus, dont ceux de Bx Métropole, ont oublié leurs valeurs et ont fait le « choix du moins pire » face aux pouvoirs centraux ... qui les a amenés à accepter majoritairement la disparition d’un Hôpital public ;
- certains salariés de la fondation Bagatelle se sont laissés influencés par leurs supérieurs hiérarchiques nous faisant passer pour des ennemis voulant détruire leur structure professionnelle (ce qui n’est pas du tout notre intention ...) ;
- nos propres rangs se sont dispersés dans un manque d’unité où le danger d’instrumentalisation politique n’était pas absent...
Alors que nous avons été légitimés par la commissaire enquêtrice qui a remis un avis défavorable sur Bahia en juin 2019 et que deux recours juridiques sont actés auprès du Tribunal Administratif, l’actuelle pandémie virale Covid19 fait rebondir ce dossier. Elle nous éclaire malheureusement sur la faiblesse de notre réponse sanitaire en situation de catastrophe. Le courage et la volonté remarquables de nos soignant-e-s ne nous masquent pas le mauvais choix qui a été fait par nos dirigeants quant à la réponse de nos structures de santé gérées à court terme sous les diktats de l’austérité publique et de la rentabilité. Le maintien des services publics, l’arrêt de la fermeture de lits et des suppressions des effectifs hospitaliers, l’apport des hôpitaux militaires en cas de crise sont une nécessité majeure et impérieuse. Et des décisions de rupture ont été annoncées par notre Président de la République...
Dans ce nouveau contexte où la réalité revient au galop, notre ambition renouvelée est donc de mieux nous faire écouter par les décideurs et de leur imposer de revenir sur leurs mauvais choix antérieurs.
Pour ce faire nous prenons donc l’initiative de soumettre à tous les partenaires potentiels la proposition de nous mettre en synergie dans un cadre souple d’action commune pour « Sauver Robert PICQUE », ouvert aux individus et organisations qui se retrouvent dans une telle démarche.
*Cette démarche a été initiée par , , ,,,,
auxquels se sont ajoutés : , , , ,,,
,,, ,...
Le Gant et La Plume
La Santé Un Droit Pour Tous
Fédération Syndicale
Mutuelle Entrain Aquitaine Nord
PCF 33
MRC 33
Nouvelle
Donne 33
Ensemble 33
La France Insoumise 33,
Allo Amiante
,
Talence En Commun
Tchernoblaye
,
Femmes-Egalité33
Collectif Egalité-Droits
UNEF 33
Collectif Citoyen
Urgences et Santé en Sud-Gironde
(pour contact: 0614555478 - sauvonsrobertpicque@gmail.com)
AC
Gironde
ATTAC 33
Comité Robert Picqué
Union Syndicale Solidaires 33
Unitaire-Gironde
julia31 Mon 15 Jun 2020 5:05AM
Il me semble qu'un des points important de la défense de notre système de santé, est que cesse les coups de butoir envers la Sécurité Sociale. Nous assistons depuis de nombreuses années à un démantèlement de la Sécu, la Réforme des retraites en constituant une étape importante puisque la branche retraite aurait été coupée. Les CARSAT devant être supprimées dès décembre 2020. De même les baisses de cotisations sociales (par exemple baisse de 6% de la cotisation maladie depuis le 01/01/2019) avec en parallèle des augmentations de la CSG (contribution sociale généralisée, impôt crée en 1990 pour le financement de la sécu) participe à cela. Le budget de la Sécu et celui de l'Etat sont séparés, et doivent impérativement le rester. Les Urssaf recouvrent environ 400Md€ par an, ce qui attire bien entendu la convoitise des partisans de la privatisation de la santé...
Patrick Shan Mon 15 Jun 2020 7:03AM
Si on le voit depuis les États-Unis, notre système de sécurité sociale est une chose magnifique à préserver. Le problème, ce sont les coûts de santé du système medico-pharmaceutique qui est derrière, et qui en font une vache à lait. Tant que les firmes pharmaceutiques seront côtées en bourse, c’est à dire chercheront à vendre des médicaments les plus chers, au plus de monde et le plus longtemps possible, nous n’en sortirons pas.
julia31 Mon 15 Jun 2020 9:57AM
Je suis tout à fait d'accord avec vous. Et pour en revenir à la Sécurité Sociale, j'ose dire le monde entier nous l'envie. Luttons pour la conserver. Un autre des coûts de la branche maladie ce sont les Accidents du Travail qui ne sont pas déclarés comme tels et dont la prise en charge pèse sur la Sécu (et donc sur le citoyen) au lieu que cela pèse sur les entreprises... La santé au travail a un coût pour notre société, la question étant qui paye?
DARBAS Mon 15 Jun 2020 12:27PM
J'approuve tout à fait le texte proposé mais je voudrais ajouter quelque chose. On dit que le personnel administratif est de plus en plus important (en nombre) au sein des hôpitaux mais il y a sans doute des raisons à cela en particulier la lourdeur de toutes les procédures. J'ai travaillé près de 40 ans au CHU de Montpellier et je me souviens qu'un administratif me disait : "autrefois, on préparait le plan budgétaire de l'année A+1 les 6 derniers mois de l'Année A, maintenant il faut toute l'année A et bientôt (peut-être à l'heure actuelle !) il faudra le préparer pendant l'année A-1 !" Il en est de la même chose pour les commandes où le respect du code des marchés publics impose là encore beaucoup de lourdeur et quelques ratés. Autrefois dans les laboratoires nous commandions le matériel et les réactifs qui nous convenaient mais avec le code des marchés publics, il fallait tout réétudier tous les 2 ou 3 ans, faire des essais entre divers fournisseurs, justifier de la sélection faite... Une belle perte de temps et d'énergie pour tout le monde ! Il est régulièrement question de diminuer le "millefeuille" des réglementations mais chaque tentative avorte vite ou se solde par une augmentation de la réglementation.
julia31 Mon 15 Jun 2020 2:20PM
C'est le fameux "empilement législatif"... Auquel s'ajoute le fait que la Loi est souvent moins bien écrite actuellement qu'il y a 30 ans ou 50 ans. Je me souviens du Choc de simplification dont parlait Mr Hollande, plus ils disent que ça va être simple plus c'est complexifié...
J'approuve également le texte.
FredPaschal Tue 16 Jun 2020 5:16PM
Je transmets le recensement (partiel) du collectif Changer de cap sur ce thème:
https://changerdecap.net/2020/06/07/5-4-reconstruire-la-sante-comme-un-commun/
julia31 Tue 16 Jun 2020 5:36PM
Morin Wed 17 Jun 2020 10:28AM
Je transfère un manifeste très complet:
« Santé, le programme des jours heureux », coordonné par André Grimaldi, Olivier Milleron, François Bourdillon.
Merci pour vos commentaires et informations très interessants.
Guylène Fri 19 Jun 2020 1:29AM
Du côté de l'hôpital de Montauban, la mobilisation du collectif inter hôpitaux s'essoufle.. Les réunions sont désertées. Entre 100 et 200 personnes (estimation personnelle) le 16 juin. Les volontés des agents sont connues mais toujours verrouillées par une diretion qui ne voit que chiffre et profit..
De plus, avec l'impossibilité de réouverture des chambres doubles, l'hôpital compte 70 lits supprimés ce qui pressent des nombreux licenciement et/ou non reconduction des contractuel.lle.s.
Patrick Shan · Mon 15 Jun 2020 1:14PM
Je suis assez d'accord avec vous. La santé a plusieurs facettes : médicale, organisationnelle, financière, politique... Il faut peut-être se demander quelle médecine nous voulons, avant même de se demander comment elle doit s'organiser. De même que la chirurgie ou les traitements à vie ne devraient être que des solutions palliatives de dernière intention, et que les examens devraient toujours rester complémentaires, et non servir de seuls critères aux choix thérapeutiques, l'hôpital n'est ni la première ni la seule instance à réviser pour avoir un système de santé digne de ce nom.