Framavox
Fri 14 Mar 2025 5:04PM

Cercles restauratifs - Episodes 2 et 3 : Entretien avec Dieudo par Louis Fouché

D

Dieudonné Sat 29 Mar 2025 7:58AM

@Amans Merci de tous ces retours !

Je me sens capable de partir dans de longues discussions sur chacun de ces sujets ; )

À quand une rencontre nationale des Cercles Restauratifs par chez vous ?

😉

A

Amans Fri 28 Mar 2025 7:28AM

À un moment dans l’épisode 1, Louis associe robustesse et antifragilité. Je suis méfiant avec ce dernier concept, qui ne me semble pas apporter beaucoup de « valeur ajoutée » par rapport au premier ou aux autres idées déjà parfois dévoyées que sont la résilience ou l’adaptativité. Concrètement, il me semble surtout servir à vendre du management et du développement personnel – une simple recherche internet le montre, et la nuance conceptuelle n’est pas spécialement convaincante. À l’inverse, la fragilité est aussi – comme la robustesse – une nécessité du vivant. Cf. les pensées nourries écoféministes ou d’écologie profonde, exemple entre mille : https://institutmomentum.org/osons-rester-humain-les-impasses-de-la-toute-puissance

Je relève ce petit truc qui peut m’inquiéter chez ton interlocuteur, comme chez toi. Vous êtes des hommes, blancs, intellectuels, relativement riches et âgés : vous cumulez tous les privilèges – comme moi einh, ce n’est pas pour dire que vous n’êtes pas légitimes pour prendre la parole. Au contraire, puisque cela nous est facilité par « le contexte », allons-y … à condition d’avoir vraiment conscience de là où nous sommes dans le(s) système(s), et de la façon dont nous y contribuons. J’apprécie la robustesse (je suis vivant!), la performance (je suis comédien!), l’efficacité (je suis entrepreneur!)… à condition qu’elles soient vraiment balancée avec oui la fragilité (idem), le silence & la détente (idem), l’ouverture du possible, la présence, la gratuité etc. (…)

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Dans l’épisode 2…

Sur la violence rendue impossible par la présence au visage de l’autre (Lévinas) & comment la violence vient tout de même « chercher la réparation », en quelque sorte, à l’échelle d’un individu ou d’une lignée (voire au-delà), en accomplissant la violence (23’)... je valide cette lecture systémique diachronique ET là aussi je pense qu’il est préférable pour que ce soit entendable, chaque fois qu’on l’énonce et si possible, de l’associer à une lecture politique paragigmatique :

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« Le facilitateur qui est aussi un membre de la communauté, au passage » : en principe oui, mais en pratique souvent pas. Nos communautés se reconstruisent / conscientisent / consolident justement avec les processus de justice que nous y partageons.

Il y a un peu de confusion possible à cet endroit, il me semble :

- entre une communauté actuelle & solide (type tribu de peuples premiers ou certaines familles / collectifs de vie, et encore de nos jours… c’est quelque chose qui existe en fait très peu) et la communauté humaine dans son ensemble, théorique mais encore inaccessible…

- et entre une démarche autogérée et une démarche instituée.

J’ai l’impression que Dominic lui-même a pu nourrir ces confusions, du moins par le passé.

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« L’auto-responsabilisation, c’est tout le groupe qui y vient spontanément » : mmoui, dans mon expérience cest vrai mais pas toujours aussi franchement que ce que tu formules là. Les prises de conscience se font c’est vrai, et c’est beau oui, mais il y a quand même aussi, souvent, des rôles qui ne veulent pas se lâcher complètement, des « gentils » tacles personnels dans les derniers moments d’un cercle et des oppressions systémiques qui se maintiennent en sourdine, des orgueils qui tiennent bon telle part d’ego, telle identité victimaire, telle rage vécue comme légitime, tel manque de conscience. Ce n’est pas pour jouer les militants de gauche critique relou jamais content, mais là aussi pour jouer le rôle d’équilibre dans le système : le positivisme qui joue un peu le déni des verres à moitié vide, à mon avis, ne sert pas notre démarche. Hier soir dans le cercle de justice transformative des anarchoqueers rennaises, j’ai plutôt parlé du verre à moitié plein ^^

Merci, dans cet esprit, de parler des « pièges habituels » !

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« Si je suis descendu, je ne regretterai absolument rien. La termitière future m’épouvante. Et je hais leur vertu de robots. Moi, j’étais fait pour être jardinier »

Wow, merciiii pour cette magnifique dernière phrase écrite par St Ex !

Merci pour ça et la conscience du temps long…