Comment on fait avec une impossibilité de reformuler ?

J'espère que vous allez vers le solstice avec force et douceur ...

Dans le cadre d'un échange entre avec un autre lieu collectif on s'est retrouvé-es à accompagner un groupe - très versé dans les outils collectifs, les approches psys etc. - sur plusieurs séances dans un mode très proche des cercles restauratifs, et une des principales tensions du cercle s'est cristallisée disons entre deux personnes dans une situation où l'un des deux, pourtant bien habitué aux échanges empathiques, à l'écoute etc. a témoigné de son incapacité à reformuler l'autre, ce qui a été vécu comme très difficile - étant justement en résonance directe avec la difficulté vécue par ailleurs au quotidien dans leur lieu. Ça a généré un moment glissant, on a rappelé l'intention, proposé de reformuler nous aussi etc. et le processus s'est poursuivi, restauratif par ailleurs mais cette tension-ci est demeurée - ouvrant sur une possible médiation à deux avec un tiers, ce qui nous a semblé pertinent - et on nous a demandé "qu'est-ce qu'on fait avec ça dans les cercles et systèmes restauratifs ?"

On avait des éléments de réponse (qu'on a proposé de réserver & partager par la suite), liés d'une part aux situations analogues et cependant bien distinctes du refus pur et simple de participer ou du craquage émotionnel / incapacitation manifeste ... et d'autre part au non-savoir, à la présence, à l'accueil de ce qui est là pour chacun-e avec ce qui se produit et au processus transformatif organique qui en découle... mais on s'est dit que ce serait bien de venir vers vous à cette occasion pour demander si vous vouliez bien partager vos témoignages & idées à ce propos

Aussi dans l'idée que c'est un dialogue qui peut faire sens pour le réseau, peut-être.

Il semble que ça fait écho avec ce dont une de vous ici parlait aussi une fois : les situations traumatiques où les mises en présence directe sont trop difficiles. Certaines de ces réactivations intenses peuvent être anticipées, conscientes, d'autres non... et tout cela s'exprime de façons très variées, plus ou moins expressives.

Est-ce que vous avez vécu des situations cousines, et que répondriez-vous à cette question ?

Bonjour Amans,

Merci pour ton partage.

J'ai vécu cette situation de l'intérieur, puisque j'ai initié un cercle dans ma famille, avec mon père qui était déjà âgé, et qui avait parfois du mal à reformuler ce que je lui disais. Quand c'était le cas, le facilitateur proposait à une autre personne de reformuler ce que je lui disais, et au final, qu'une autre personne le fasse à sa place, cela avait presque le même impact: quelqu'un dans le cercle entendait et prenait ce que je disais.

Pour moi cela donne tout son sens au cercle: pouvoir s'appuyer les uns sur les autres pour que ce qui a besoin d'être déposé le soit de toute façon. Quelqu'un de moins impacté pourra plus facilement faire cet exercice difficile de reformuler des mots qui peuvent etre stimulant.

Bon WE.

J'ai vécu il y a 2 jours un cercle d'une culture différente de celle de Dominic Barter.
L'empathie y est également centrale, la reformulation beaucoup moins (ou succincte, par les facilitateurices, quand ça leur semble pertinent).

Autour d'un stage qui à fait beaucoup de dégât humain l'an passé (comme porte d'entrée du conflit).
Une approche en aquarium :
Nous étions 70 personnes, une bonne part n'était pas présente au moment des faits, et certains n'était pas au courant des enjeux mais venaient de faire 3 jours de stage (de processwork) ensemble.
Il y avait 2 cercle, le cercle interieur, 12 chaises tournées vers l'exterieur, et le cercle exterieur avec toutes les autres chaises tournées vers l'interieur.

Les personnes ayant envie d'écouter et de s'exprimer étaient invitées à venir s'assoir sur le cercle intérieur, les autres, du cercle extérieur, étaient en écoute et empathie silencieuse pour "tenir l'espace".
Les personnes du cercle intérieur ne se voyaient pas les une les autres, elles s'exprimaient face au groupe, mais aussi face aux facilitateurs qui venaient se placer à côté ou en face de la personne qui s'exprime. Si reformulation il y avait, c'était par les facilitateurices uniquement, et ce n'était pas systématique. Quand c'était le cas, c'était orienté acceuil émotionnel, pas reprise de faits ou de récit (sauf une fois ou un facilitateur voulait vérifier sa compréhension de ce qui venait d'être dit).

En suite, (après une pause), avec le temps disponible, il y a eu un moment sans cercle interieur, où qui voulait pouvais venir partager au centre :
- ce qui avait besoin d'être dit aujourd'hui (et qui ne l'avais pas encore été)
- ce qu'il avait appris et les changement/mouvement que cela amenaient pour eux
- les rêves pour le groupe/la situation
- les projet étapes

On s'est arrêté après ça. C'était riche tout en étant explicitement qu'un début de réparation, pas un processus complet.

Une chose qui me vient aussi :
de même qu'une transgression de limite a tendance à être plus difficile à vivre si la limite a été nommée puis transgressée que si elle a été transgressée sans avoir été préalablement nommé, une absence de reformulation me semble plus difficile à vivre si le cadre produit l'attente qu'elle ai lieu.
Ceci dit l'approche nommé par @freddomarchand me semble un bon intermédiaire entre reformulation par la personne attendu et absence de reformulation.

Bonjour à vous,

je m'appelle Joseph j'habite dans les Alpes de Haute Provence, également dans un lieu collectif qui s'appelle l'Archipel des Coustètes (bienvenue si vous passez par là!), je commence par vous remercier, remercier l'existence de ce réseau! Je vous suis de loin depuis 5ans, sans trop intervenir, et les dates de rencontres à Bordeaux tombent jusqu'à maintenant mal ou loin pour moi. Peut-être bientôt!

J'ai l'élan de rajouter dans les pistes, sur nos capacités/incapacités, celles de régulation-corégulation des systèmes nerveux.

EX. Un temps de reliance/guidance méditative avant le début du cercle, un moment d'orientation dans l'espace, venir avec un objet ou choisir un objet/un endroit de la pièce que nous trouvons beau, sécurisant... auquel se relier si à un moment du cercle mon système s'active, s'accorder une pause collectivement pour respirer 5 minutes (ex. une cohérence cardiaque...), ou pour faire des rotations latérales de la tête en respirant...

A bientôt