#2 - Positionnement communs numériques et open source
Positionnement sur les communs et l’open source
L’un des objectif du comité stratégique est de contribuer au ré-alignement et à la réaffirmation de nos valeurs. Nous proposons la rédaction d’un livrable qui comprendrait quelques lignes pour chacun des trois positionnements identifiés par le comité. Ce livrable, à destination de l’interne, servirait non seulement à informer l’équipe mais également à orienter les décisions stratégiques en accord avec nos positionnements.
🎯 Ce fil de discussion vise à vous proposer ce positionnement et initier une discussion sur ses avantages et inconvénients.
Notre positionnement sur l’open source et les communs numériques
Chez Open Source Politics, nous sommes convaincus que la collaboration et la coopération sont des valeurs clés pour la construction d'un monde plus juste et plus durable. C'est pourquoi nous privilégions l'utilisation de logiciels libres et open source pour nos outils internes et externes et nous souhaitons développer un plaidoyer plus large sur les communs numériques auprès des acteurs publics. Nous continuerons également à contribuer activement au développement de projets de communs numériques tels que Decidim.
Le comité propose de promouvoir l'utilisation de logiciels libres et open source, indépendamment de leur lien avec la promotion de la participation citoyenne.
Comment le comité stratégique a-t-il défini ce positionnement sur les communs et l’open source ?
Compte tenu de notre position de prestataire et de l’état actuel du marché, nous sommes amenés à accompagner des clients dont les démarches ne correspondent pas toujours à nos ambitions démocratiques. Cette “qualité de l’expérience démocratique” des démarches de participation n’est pas toujours au rendez-vous et peut générer de la frustration, de la lassitude, du désintérêt et de l’énervement envers ces démarches et clients (sentiment de participation-washing). Pour des raisons économiques, nous considérons qu’actuellement il est difficilement envisageable d’exclure de notre parc client/prospect cette typologie de démarches participatives.
Forts de ce constat, nous vous proposons de nous recentrer sur le discours et les actes autour de l’open source et des logiciels libres, où nous avons acquis une certaine légitimité. Nous pensons que cela peut réduire la dissonance qui peut parfois exister au niveau des démarches, et nous donner une impulsion nouvelle pour aller chercher de nouveaux marchés et enrichir notre plaidoyer.
Quelles pourraient-être les implications concrètes de ce positionnement ?
Promouvoir l'utilisation de logiciels libres et open source qui ne servent pas nécessairement à promouvoir la participation citoyenne. Par exemple, nous pourrions proposer une offre Metabase dans le cadre de missions qui ne concernent pas la participation citoyenne, proposer des outils open source au delà de Decidim, en gardant une certaine cohérence (Decidim, Metabase, Loomio et peut être d’autres ?), etc.
Poursuivre nos efforts pour contribuer au logiciel Decidim et soutenir la communauté Decidim.
Prendre part à des collectifs de promotion et de défense des communs numériques, et approfondir notre plaidoyer sur ces sujets.
S'engager à utiliser X% de logiciels libres et open source (FOSS) en interne et en externe et par exemple se fixer un objectif de 100% à l’horizon 2025
Ce positionnement présente les avantages suivants :
Ouverture d'un nouveau marché : en promouvant l'utilisation de logiciels libres et open source indépendamment de leur lien avec la démocratie, nous élargirions notre champ d'action. Cela nous permettrait d'explorer de nouveaux secteurs et de proposer nos services à des clients qui n'ont pas nécessairement de préoccupations démocratiques, mais qui peuvent bénéficier des avantages des solutions open source. Cela ouvrirait des opportunités pour attirer de nouveaux clients et diversifier nos revenus.
Adéquation accrue entre la vision/mission et la réalité opérationnelle quotidienne.
Nouveaux partenaires potentiels
Discours et plaidoyer engageant
Autre ?
Ce positionnement soulève également des questions :
Open Source Politics a entrepris certains projets visant à diversifier ses revenus en proposant des services de promotion de la démocratie en présentiel, tels que l'animation et la facilitation d'ateliers. Une expertise de l’ingénierie de la concertation se construit progressivement au sein de l’équipe conseil mais elle est jugée trop lente en raison du manque de temps d’une part et des limites de l’auto-formation. La question se pose de savoir si ces efforts doivent être poursuivis. Si nous adoptons un positionnement axé sur les logiciels libres indépendamment de leur ambition démocratique, cela soulève la question de la place à accorder à ces projets et compétences. Autrement dit souhaitons-nous et pouvons-nous promouvoir la démocratie sans nécessairement utiliser de logiciels ?
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Avec qui voulons-nous travailler ?
Y a-t-il des domaines ou clientèles que nous voulons cibler particulièrement ou à l’inverse d’autres sur lesquels nous ne voulons pas nous positionner ?
Si on acceptait de travailler avec n’importe qui, comment pourrions-nous réinvestir le CA dans des objets à mission ?
Comment se mettre d’accord lorsqu’il y a un doute sur une mission et son intérêt ?
Quelles sont les prochaines étapes ?
Partir du positionnement pour proposer une déclinaison opérationnelle sur tous les pans d’activité
Partir du positionnement pour Proposer une ré-organisation des équipes qui prenne en compte les ressources disponibles et améliore la communication inter équipes afin de faire converger les objectifs et les efforts.
🎯 Comment donner son avis ? Pour contribuer dans ce fil de discussion (et plus largement sur les prochains fil de discussion Framavox) vous pouvez notamment effectuer des commentaires, proposer/initier des sondages, voter sur des sondages.
Valentin Wed 12 Jul 2023 12:33PM
Merci d'amener ce débat et d'une certaine manière de proposer un point de sortie face au sentiment d'inconfort chez certaines personnes de l'équipe, tel qu'il a déjà été mesuré en début d'année à l'aide d'un questionnaire : grosso modo, 40 à 50% de l'équipe avait/a des doutes sur l'adéquation entre ce que nous disons vouloir faire (notre mission, qui est déjà documentée et a été revalidée il y a 18 mois) et ce que vous avez le sentiment de faire au quotidien (nos missions). C'est un ratio que je trouve personnellement énorme et préoccupant depuis qu'on l'a mesuré. Il se traduit par une lassitude du sujet de la démocratie numérique pour plusieurs d'entre vous, voire le sentiment que nous menons une action contre-productive (nous serions fréquemment complices de democracy-washing).
Dans l'histoire des séminaires d'OSP, nous avons déjà constaté que la démocratie n'était pas le point d'intérêt central pour tout le monde (au profit d'autres facteurs comme la forme de l'entreprise, les défis techniques, la bonne relation avec les collègues etc.) et plus encore que nous n'arriverions pas à nous mettre d'accord sur l'horizon souhaitable de cette démocratie numérique, au-delà de la promotion de logiciels libres, qui a été notre ciment depuis toujours. Plusieurs alumni se sont trouvés dans cette position de ne pas trouver assez de sens ou de portée dans les missions d'OSP. Chacun place le curseur selon son propre référentiel ; pour ma part, j'ai bien sûr été déçu par la portée de nombreuses plateformes ou la relation avec certains clients, mais j'estime qu'a minima cela nous a permis de contribuer à l'amélioration du commun numérique et nos obligations contractuelles ne nous empêchent pas de rester critiques sur le commun philosophique qu'est l'idéal démocratique.
Maintenant que faire de ce questionnement sur notre positionnement ?
Abandonner le combat pour la démocratie numérique open source et développer de nouveaux produits. Cela voudrait dire avoir des outils sous la main et de nouveaux marchés à conquérir. J'ai du mal à nous trouver un avantage comparatif avec d'autres sociétés purement informatiques spécialisées dans le libre (ce qu'on appelle les SSLL), et j'imagine plutôt que nous allons multiplier les contraintes opérationnelles constatées actuellement sur un seul champ/logiciel en essayant de maîtriser des technos que nous connaissons mal. D'autre part, je constate qu'il est très dur de changer le positionnement d'une entreprise en raison de son historique, ses références, ses compétences... Enfin, il est probable que plusieurs membres de l'équipe y perdraient leur facteur d'intérêt pour OSP, et je m'intègre dedans. OSP est au croisement de la démocratie et du numérique, de la tech et du conseil. Si on enlève une jambe, ce n'est plus le même projet.
Persévérer et élargir notre offre dans le domaine de la démocratie numérique open source. C'est une évolution moins brutale, qui s'inscrit dans la continuité de la stratégie adoptée au séminaire de mai 2022 et reconfirmée dans les sondages du début d'année : Decidim ne suffit plus et ne répond pas à tout, donc on s'ouvre à d'autres outils complémentaires avec le même savoir-faire de maîtriser techniquement et conceptuellement de nouveaux logiciels collaboratifs avant de les proposer à des acteurs plus divers mais qui font de la participation interne ou citoyenne. Nous avons déjà vécu cela avec la transition DemocracyOS > Decidim en 2017-2018, nous avons ajouté Metabase avec succès depuis 2020, il y a encore des options que nous commençons à explorer (Loomio, LimeSurvey, Démomètre, Rudi, multiples outils de synthèse...) et nous développons en cohérence les métiers du conseil (y compris en ingénierie de la participation). Nous voyons déjà qu'il faut des mois pour concrétiser ces envies en opportunités économiques.
Développer un plaidoyer plus fort en faveur des communs et particulièrement des communs numériques au-delà de la civictech. C'est là aussi une suite logique de ce que nous avons fait depuis 2015, avant même la formation en entreprise. Nous sommes proches d'une galaxie d'acteurs qui se posent aussi la question de la résonance et de la mutualisation des moyens autour de ces prises de position (nous intervenons à Numérique en communs, Olivier s'investit dans la Société des communs depuis plusieurs mois, je suis récemment devenu membre de la Coop des communs à titre individuel, et évidemment nous sommes impliqués dans la gouvernance de Decidim depuis longtemps et encore plus depuis quelques mois avec Pauline). C'est un positionnement qui a beaucoup de sens pour nous, et sur lequel nous pouvons convenir de consacrer plus de moyens humains et financiers à l'avenir, mais ce n'est pas un positionnement *économique* : nous portons ce message en tant qu'acteur économique de la démocratie numérique. Devons-nous pour autant arrêter de parler de démocratie ? Je ne pense pas car il y a toujours une audience (cf OSP Explore qui a été saluée par plusieurs personnes aux rencontres de Rouen) et c'est dans la gouvernance démocratique des communs que nous avons le plus de choses à apporter.
Pour moi, l'option 1 est un pivot trop radical - surtout dans un contexte de fragilité - alors que les options 2 et 3 sont plus logiques et porteuses (quitte à accentuer les moyens sur l'option 3 quand nous le pourrons). J'ai conscience de peut-être sur-interpréter la proposition du comité stratégique dans ma description de l'option 1 (notamment parce que ce que vous décrivez dans les implications opérationnelles est assez raccord avec mon option 2). Je crois que l'idée nouvelle avec ce positionnement était plutôt de pousser pour l'option 3.
Poll Created Wed 12 Jul 2023 12:39PM
S'engager à utiliser 100% de logiciels libres et open source (FOSS) en interne et en externe à l’horizon 2025 Closed Wed 19 Jul 2023 12:00PM
Je pense que le point 4 des implications concrètes peut être isolé en une question autonome (aussi pour tester la dynamique des sondages).
Results
Results | Option | % of points | Voters | |
---|---|---|---|---|
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D’accord | 87.5% | 7 |
![]() |
S’abstenir | 0.0% | 0 | ||
Désaccord | 12.5% | 1 |
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Undecided | 0% | 9 |
![]() ![]() |
8 of 17 people have participated (47%)
Valentin
Wed 12 Jul 2023 12:40PM
C'est déjà le cas pour ce que nous vendons : que des services sur des FOSS.
C'est le plus souvent le cas pour les interactions avec nos clients. Il va rester quelques logiciels propriétaires qui ont trop d'avance (Zoom pour les grosses visio, Figma ?).
C'est trop peu le cas pour nos outils internes, notamment avec Google que nous n'avons pas remis en question par facilité. Il est temps de se reposer la question (avec des alternatives plus accessibles via IndieHosters par exemple).
Olivier
Wed 12 Jul 2023 12:40PM
Un objectif de 100% relève du totalitarisme et est donc tout à fait inacceptable. Il existe des circonstances dans lesquelles le logiciel propriétaire est justifié. Vouloir l'exclure a priori est une attitude sectaire et contreproductive.
Valentin Wed 12 Jul 2023 4:06PM
@Olivier je pense que l'enjeu sur lequel on se positionne ici c'est surtout les outils internes car sur le reste la position est assez claire ou les exceptions justifiées. La question à mes yeux c'est le remplacement ou non de Google Workplace et Notion pour des alternatives open source, quand bien même elles seraient un peu moins puissantes. Faut-il le faire, et si oui à quelle échéance et avec quelles implications ?
Joel OSP Thu 13 Jul 2023 2:54PM
@Olivier je suis du même avis que Valentin, le 100% reste un objectif théorique, mais sur la pratique il est tout à fait pertinent de s'interroger si ce qu'on gagne avec des logiciels propriétaires vs leurs potentielles alternatives open source justifie a. leur coût et b. la contradiction morale. Sous mon point de vue, on serait plutôt dans une priorisation de l'open source que dans une exclusion du propriétaire à priori
Lisa Giner
Wed 12 Jul 2023 12:40PM
Oui, ceci permet d'être cohérents avec notre vision

Adrien Wed 12 Jul 2023 2:53PM
Je suis d'accord sur le fond : cela amène une cohérence hyper intéressante et un réel engagement ; c'est un choix fort, structurant.
Je le dirais pas comme Olivier mais le fait est qu'un logiciel propriétaire peut *quand même* présenter un intérêt. "100%" est un bel objectif, mais par exemple vous devez pouvoir tester / utiliser des logiciels propriétaires si intérêt industriel, innovation de ouf ou opportunité sur un cas commercial ou client.
2ème point : on sous-estime les investissements nécessaires, ce choix technopolitique 100% FOSS est un choix qui est un choix quasi "industriel", qui demande des compétences et du temps, donc des financements.
Ce choix doit par conséquent s'accompagner de recherche de fonds en Europe et à l'international ; en tentant d'entrer dans des réseaux où circulent des capitaux, type Mozilla Foundation, il faut trouver des financeurs dans ces circuits la.

Adrien Wed 12 Jul 2023 6:28PM
[Alors c'est relou je trouve pas comment commenter la proposition du comité stratégique en tant que telle, j'ai commenté le vote. Je reprends ici.]
Je rejoins tout à fait le point de l'efficacité/productivité de Simon. Il faut être bien plus efficaces collectivement et individuellement.
Il y a un point que je souhaite aborder qui ne concerne pas exactement le sujet central. Je présente mes excuses par avance pour cette incise et me tiens à votre disposition pour préciser, expliquer, etc. Il est néanmoins important d’en parler.
Derrière ces considérations stratégiques, il y a un constat politique plus général que nous ne pouvons pas éviter : la démocratie - grosso modo l’ensemble des pratiques et représentations qui mettent en oeuvre un principe d’égalité politique entre les citoyen.ne.s - recule en France de manière dramatique. Toute la presse étrangère en parle.
Dès lors, la dégradation progressive du caractère démocratique de nos institutions entre - violemment - en contradiction avec les discours que nous diffusons auprès de nos clients, partenaires, publics en général. On pourrait se dire que ca ne “tient pas”, que c’est hypocrite au possible, mais je pense qu’il faut être plus nuancé.
Pourquoi ? Un.e démocrate, ca se produit, au sens de production sociale (oui oui) : c’est un.e individu sensibilisé.e, acculturé.e, mis.e en capacité à travers de multiples points de contact institutionnels, associatifs, médiatiques, militants…et logiciels, configurés par nous ou des agents publics le plus souvent.
Open Source Politics participe à “l'appareil de production démocratique” en produisant un outillage numérique open source pour favoriser les pratiques et représentations démocratiques. Nous faisons autant que possible des petites différences, en interne (comme ici), et à l'extérieur auprès de nos clients partenaires et publics. C’est d’ailleurs pour ca qu’on vient nous chercher. Cela implique beaucoup d’humilité en réalité, car chacun d’entre nous voit bien l’ampleur de la tâche.
[Du reste, peut-être faut-il distinguer le business de la politique, mais réellement, à savoir s’engager dans des organisations proprement politiques pour peser.]
Sur le plan du développement, le virage préconisé serait une erreur. Nous avons tellement capitalisé depuis 7, 5, 3 ou 1 an, selon les points de vue.
Je partage l’approche entre les options 2 et 3 de Valentin ; une ouverture même sectorielle (ex : GRU, GRC,...) serait déjà très difficile, sans compter le manque de financement pour le faire. Tout serait à reconstruire : maîtrise technique, maîtrise conseil, légitimité en général avec à mon avis des acteurs installés.
Le potentiel du marché (Simon l'a rappelé) demeure, mais il faut voir grand avec un projet technopolitique de commun de démocratie numérique à l’échelle européenne, qui est celui au fond du projet Decidim et d’OSP à l’origine. Il ne s’agit pas de changer le monde mais d’équiper et d’outiller les gens qui tentent de le faire, par conséquent s’en donner les moyens d’abord. Il y a des dizaines de problèmes auxquels nos clients et ceux de nos concurrents sont confrontés que nous pourrions résoudre. Le comité pose le constat de la diversification de l’activité. Mais il y a une diversification en cours, dans notre couloir. Il faudra sous peu faire tourner et configurer un démomètre, ou un Loomio. Cette approche doit se doubler, pour le marché francophone à ce stade, d'une montée en compétences sur la question de l'ingénierie de la concertation qui est une piste de diversification concrètes.
De plus, en relisant, je pense que l’objectif n’est pas si clair.
Or, construire un commun numérique qui est une suite logicielle open source pour les "acteurs publics" dans les 27 langues de l'U€ constitue un objectif clair et suffisamment démesuré pour se développer à long terme. C’est ce qui fera la différence sur le plan de l'offre tech/conseil, et pourra être mis en cohérence avec l’objectif 100% FOSS, ainsi que l’adoption de formes coopérativistes à moyen terme.
Simon · Tue 11 Jul 2023 5:48PM
Déjà, bravo au comité stratégique et merci pour vos propositions!
Mais je ne suis pas hyper d’accord.
On a un marché de plus en plus compétitif et mature de la participation citoyenne, et au lieu de s’améliorer, la proposition à l’air de proposer de juste trouver un marché moins compétitif et mature pour extraire les fruits de la hype.
Je suis d’accord sur le fait qu’on devrait explorer de nouvelles pistes, notamment sur de nouveaux outils open source qui pourraient satisfaire des besoins des institutions publiques. Néanmoins, je ne crois pas que ce serait une panacée qui résoudra tous nos problèmes. L'efficacité d’OSP restera la même, et on restera au même niveau, mais sur plus de marchés. On bénéficiera juste peut être d'une hype dans ces nouveaux marchés. Dans ce scénario on recrutera et on externalisera, en grandissant géométriquement, notamment en RH, mais pas exponentiellement, notamment en CA. Tant qu’on ne sera pas plus efficaces, on pourra juste devenir une boite moyennenement efficace qui intègre plus des logiciels libres. Ca ne vend pas de rêves et en plus c’est basé sur une argumentation qui fait reposer tous nos problèmes actuels sur une soit dite réalité économique difficile. J’y crois pas trop. Je crois plus au fait que nous aurions pu être meilleurs mais il y a quelques facteurs qui nous ralentissent sur ce chemin:
Le problème ne réside t’il pas plutôt dans la path dependency et la manque d’investissement stratégique?
De ce que j’ai compris, OSP s’est développé assez organiquement et a connu une croissance rapide du marché pendant le covid. À cause de ça:
de nouvelles personnes ont été recrutées pour prendre la charge: croissance proportionnelle a la croissance du marché sans augmentation d'efficacité
de nouveaux processus ont été mis en place pour protéger la tech des demandes de conseil et commercial et transformer Decidim en SaaS: sauf que on est resté dans l'entre-deux: ni une agence ni un SaaS, et en plus dans une bonne équipe SaaS on essaye de réduire et pas d'augmenter la silloisation (les demandes qui dérangent ne sont pas le problème mais le symptome)
Donc d’un côté il y avait une augmentation en ressources humaines et d’un autre une formalisation des activités - un trajectoire très standard mais pas du tout efficace sur le long terme (au contraire, ca réduit l’efficacité). Cette hyper-croissance a causé une dette technique, procédurale et innovative. Le pole technique est désormais protégé par le produit: cela ne devrait pas être le cas. On a du mal à lancer de nouvelles initiatives comme par exemple la mise en valeur de l’ingénierie de la participation: cela ne devrait pas être le cas. On a un processus d’intégration et de déploiement ultra-long: cela ne devrait pas être le cas.
La dette technique, procédurale et innovative est actuellement comblée par la collab avec indie hosters, Voca, les nouveaux produits et plein d’autres belles initiatives. Je ne crois pas que le marché meurt - je crois qu’il devient mature: on est passé par une phase de hype incroyable et c’est normal que ca redescende. Mais au lieu de le fuire car on ne peut plus bénéficier de la hype, je voudrais qu’on devienne plus matures (et surtout efficaces). Le marché nous force à devenir plus efficaces avec ce qu’on a et je crois qu’on réagi plutôt bien. Si on ne pouvait pas devenir plus efficaces la réponse serait de changer de marché, mais je crois qu’il y a de la marge pour de l’efficacité, donc je suis de l’avis de rester focus sur la participation avec des offres complémentaires qui pourraient s’étendre à d’autres marchés proches - pourquoi ne pas proposer un service démocratie participative + data-driven policymaking avec du Decidim. Les deux restent sur le thème de la participation et de la politique - de cette manière on ne perdrait pas notre visage.
Solution alternative: rester sur le marché à l’intersection de la démocratie et des communs numériques, donner plus d’autonomie et de ressource pour des initiatives rentables des collaborateurs
J’adore cette métaphore pour l’organisation de travail au sein d’une entreprise:
Pensez à chaque employé qui rejoint OSP comme s'il était un joueur de poker qui vient de s'asseoir à une table. Lorsqu'il commence, on lui donne un certain nombre de jetons. Ces jetons représentent les ressources (telles que le temps, l'argent, le support, etc.) que l'employé dispose pour accomplir ses tâches et atteindre ses objectifs. Il est de la responsabilité de chaque employé de gérer efficacement ces jetons afin de maximiser ses gains à long terme. C'est une manière de dire que chaque employé a une certaine autonomie pour prendre des décisions stratégiques, gérer les ressources et définir ses priorités.
Par exemple, un employé pourrait décider d'investir ses jetons (c'est-à-dire du temps et des efforts) dans un projet particulier qui, selon lui, pourrait rapporter beaucoup à l'entreprise à l'avenir. Ou bien, il pourrait choisir de répartir ses jetons de manière plus équilibrée entre plusieurs tâches ou projets, afin de réduire les risques et de garantir une progression constante.
L'important, dans cette métaphore, est que chaque employé a la liberté et la responsabilité de gérer ses propres jetons. Il est encouragé à faire preuve d'initiative, à prendre des décisions stratégiques et à être proactif dans la gestion de ses ressources. Toutefois, comme au poker, il y a des règles à respecter et des limites à ne pas dépasser. Par exemple, on pourrait dire que les jetons ne peuvent pas être dépensés de manière imprudente ou sans une justification solide. Ils ne pouraient pas non plus être dépensés dans des projets qui vont contre les valeurs d’OSP. De cette façon, l'autonomie est équilibrée par la responsabilité et la reddition de comptes.
Cette métaphore des jetons ne représente pas une décentralisation totale ou l'absence de stratégie globale, mais plutôt une approche équilibrée où l'autonomie individuelle s'inscrit dans le cadre d'une vision et d'objectifs communs bien définis. Je crois que la priorité, c’est de définir ces objectifs et de surtout marquer ou sont les limites en termes de valeurs pour les initiatives développées au sein d’OSP. En d’autres mots, même si je crois beaucoup au marché du café, je crois pas que OSP devrait vendre du café - ca ne matcherait pas avec son image. Son visage c’est la démocratie et les communs et je crois que ca ne devrait pas changer.
Voilà ma petite contrib au débat! ❤️