La rémunération des artistes à la Carmagnole
Comme indiqué dans le Compte Rendu du CA du 22/03, nous ouvrons un espace de discussion sur le sujet de la rémunération des artistes.Nous pouvons déposer nos contributions écrites, qui permettrons de débattre en AG en ayant ensemble les informations nécessaires.
chrystel FERIGNAC Thu 28 Apr 2022 4:19PM
Je vais donc devoir prendre des leçons de titre pour Framavox…vu les remarques de mes camarades de la Carmagnole, Francis puis Fred !
La question qui est posé dans ce débat est bien comment mieux rémunérer les artistes qui se produisent à la carmagnole.
Pour moi nous devons avant tout respecter les droits des artistes se produisant sur la scène que nous leur offrons. Débattre de savoir si nous sommes ou pas une salle de spectacle n’est pas la question.
Nous sommes un lieu capable d’accueillir des débats et des spectacles, nous mutualisons autant que possible le matériel et les équipements dont nous nous sommes dotés. Pour le reste tout est écrit dans notre charte…
Un bar associatif est hébergé dans ce lieu et permet à la fois la convivialité autour de nos activités mais surtout des versements réguliers qui font vivre nos activités.
L’atelier Culture, après la longue période Covid, a réfléchi sur notre modèle de rémunération des artistes. Et voir comment nous pourrions faire mieux en respectant notre charte et les finances dont nous disposons.
Mais nous devons avant tout savoir de quoi nous parlons quand nous parlons des artistes :
Lors des soirées cultures nous faisons appel soit à des artistes amateurs soit à des artistes professionnels. Ceux-ci ne peuvent pas choisir d’être l’un ou l’autre sous prétexte qu’ils ou elles seraient militant ou militante (et donc bénévole de la Cause Carmagnolesque…)
Un artiste amateur c’est quoi ? Le spectacle faisant intervenir des artistes bénévoles porte le nom de spectacle amateur. Est considéré comme artiste amateur toute personne qui pratique seule ou en groupe une activité artistique à titre non professionnel et qui n’en tire aucune rémunération. VOIR TEXTE EN PIÈCE JOINTE
Un artiste professionnel est souvent un ou une intermittent.e du spectacle ou bien salarié.e d’un organisme du monde du spectacle. Il ou elle est alors soumis.e aux règles de rémunération du statut dont il ou elle dépend.
Pourtant, nous fonctionnons à la Carmagnole, sur un principe non écrit qui est le suivant : Les artistes qui se produisent qu’ils soient amateurs ou professionnels sont « défrayés » avec la somme récoltée « au chapeau ». Un minimum de 200€/ soirée (quel que soit le nombre d’artistes sur scène, en général 2) est devenu la règle et si le chapeau ne suffit pas la recette du bar et des repas vendus comble le manque.
Parfois, l’atelier culture s’engage sur des sommes bien supérieures lorsque la notoriété des artistes est plus importante.
Or la plupart des artistes programmés sont des professionnels. Et lorsqu’ils ou elles ne le sont pas, sauf exception, les spectacles attirent bien peu de monde… Beaucoup d’artistes professionnels acceptent cette rémunération au chapeau parce que c’est ça ou rien. Et si la somme le permet, l’artiste professionnel va trouver une association qui transforme cette « recette du chapeau » en cachet intermittent du spectacle. Alors pouvons-nous faire mieux ? Et essayer d’être dans la légalité ?
Pour ce qui est de la programmation qui doit coller à l’actualité de la carmagnole ( ? ) , j’encourage les coopérateurs et coopératrices à participer aux ateliers culture. La disponibilité des artistes pressentis pour un évènement particulier n’est pas toujours facile Fred…
Je posterai mes propositions dans un prochain texte.
martine Artigues Wed 27 Apr 2022 8:29AM
Merci Fred pour cette synthèse pertinente et convaincante et merci à ceulles qui font vivre la Carmagnole…
(pour info et en aucun cas pour reproche : ´j’ai vraisemblablement contracté le Covid mardi dernier à STOP BOLLORÉ (je ne bouge masquée que pour la Cagette…) et crois savoir que je ne suis pas la seule…Testée par obligation ,hier, je croyais à un simple méchant rhume depuis jeudi dernier . J’ai dû reporter mon admission pour 2 mois en rééducation visuelle mais surtout je mets en danger d’annulation de « Tournée » 2 de mes proches Artistes Intermittents…et ça, c´est intenable…)
Pardon d’avoir parasité cette « conversation » ….au lieu des « bâtons rompus » plus adaptés
Amitiés
Martine
TANIA CASSAR Wed 27 Apr 2022 8:20AM
juste un petit mot pour info (et rassurer Fred 😉) hier soir nous avons eu une soirée politique ET culturelle puisque la discussion du collectif Oulala a été suivie d'un concert de musique russe tzigane. Le petit concert a été une belle surprise. Ça a permis de clore la soirée dans une ambiance chaleureuse. Moi qui étais venue juste pour soutenir Delphine qui sinon aurait été seule au bar, je n'ai pas regretté d'être venue!
Si ça intéresse l'atelier culture, j'ai les coordonnées du musicien, qui pourrait venir animer une soirée, seul ou en trio (guitare, contrebasse, balalaïka).
Il a parlé d'une forme de rémunération "aidée" : le GIP, mais je ne suis pas sûre que ça puisse marcher à la Carmagnole, à voir ...
Lina Angles Wed 27 Apr 2022 7:20AM
C'est clair net et précis. Je suis d'accord avec toi sur le rôle de La Carmagnole "lieu alternatif de débats, de combats et de culture". Je suis d'accord pour dire que la Carmagnole n'est pas une salle de concert qu'il faut privilégier le choix politique et culturel. Sauf que lorsque l'atelier culture propose un concert à l'occasion de l'abolition de l'esclavage, le CA dit "non". Il faut donc en discuter. Une autre chose : lorsque tu dis que le bar complète le chapeau, il le fait la plupart du temps avec l"argent qui provient de la recette des repas que nous avons préparés. C'est donc l'atelier culture qui contribue à payer les artistes et non le bar.
Fred Alart Tue 26 Apr 2022 4:27PM
Puisque le sujet de cette discussion est la rémunération des artistes, je préfère commencer par dire que je suis POUR la rémunération des artistes (comme tout le monde je suppose).
La question est sans doute plutôt de savoir « par qui », « comment » et « combien ». C’est peut-être là que nous pouvons avoir des avis divergents.
« Par qui ».
Ma réponse est : par le public présent. Pour préciser (si nécessaire) ma réponse, cela veut dire que cette rémunération ne doit pas, selon moi, incomber, tout ou partie, à la Carmagnole, autrement dit à ses coopérateurs. Cela va peut-être sans dire mais ça va sans doute mieux en le disant. La Carmagnole est un lieu alternatif, elle n’est pas une fondation ni une institution culturelle. Evidemment pas non plus une œuvre caritative.
« Comment ».
Jusqu’à présent, nous avons fait le choix du chapeau pour maintenir le principe de l’accès libre et gratuit à tous nos événements, quelqu’ils soient, politiques, culturels ou politiques ET culturels (ce qui nous manque un peu d’ailleurs depuis pas mal de temps je trouve). Ce principe d’accès libre et gratuit est un symbole fort que je souhaiterais voir maintenir. Le montant recueilli au chapeau étant complété avec les recettes du bar et de la restauration. Mais sur ce dernier point, nous sommes dans un flou problématique. En effet, j’ignore à hauteur de combien nous complétons. Qui le décide ? Avec quelle variation entre un musicien ou un comédien soliste et une formation de plusieurs musiciens ?.. Il serait bon que l’on soit plus clair sur le mode de calcul de ce complément. D’autant que nous maîtrisons nos recettes du bar mais pas nos bénéfices car nous ne sommes pas capables de les calculer sur chaque soirée.
On pourrait envisager la PAF (Participation aux frais) à l’entrée. Sachant que le montant de la PAF peut (doit ?) être décidé par l’artiste ou en tout cas avec son accord. Personnellement, je n’y suis pas trop favorable car l’instauration de la PAF fait tomber le principe de l’accès libre et gratuit. Mais je n’y suis pas vraiment opposé non plus. En revanche, le principe de la PAF exclurait selon moi que sa recette soit complétée par la recette du bar. Pour la recette de la restauration, je considère que celle-ci étant assurée par l’atelier culture, celui-ci peut pleinement décider de ce qu’il en fait.
Enfin, j’entends parler de « Guso » et je crois comprendre que c’est lié au besoin de cachets dont les artistes ont besoin en tant qu’intermittents du spectacle. Dans ce cas, qu’est-ce qui nous empêche de convertir la recette versée aux artistes en Guso ?..
« Combien »
Qu’elle soit le résultat du chapeau ou de la PAF, la rémunération des artistes dépendrait donc du public, de son bon vouloir (chapeau) ou de son nombre (PAF). A moins que l’on veuille garantir une rémunération minimale ?.. Ce qui ne me paraît envisageable que pour des artistes aux exigences modestes et sur un montant lui-même modeste (qu’il nous faudrait arbitrer). C’est ce montant qui conditionnera le complément issu du bar dans le cas du chapeau.
Mais derrière ces questions (et leurs réponses) un peu techniques, il y a bien-sûr la question de ce qu’est la Carmagnole, ce qu’on veut qu’elle soit, qu’elle reste ou qu’elle devienne.
A mes yeux, elle n’est pas une salle de spectacle, ne peut pas et ne doit pas le devenir.
Elle accueille des artistes qui veulent s’y produire. Elle le fait dans le cadre, l’opportunité mais aussi les limites de ce que la Carmagnole leur propose en tant que lieu alternatif de débat, de combat et de culture, fondé sur l’idée d’éducation populaire. C’est ce qui en fait un lieu précieux pour la scène locale.
En outre, soyons lucides : compte tenu de son équipement actuel, des moyens limités qui sont les nôtres pour espérer l’améliorer et des contraintes lourdes qui, avec les problèmes de voisinage, pèsent sur ce lieu et vont encore peser pendant de longs mois voire des années, l’option d’une Carmagnole-salle de spectacle me paraît assez hors sujet.
Il reste enfin l’hypothèse d’événements exceptionnels pour lesquels on doit pouvoir se donner la possibilité de faire appel à des artistes dont les conditions et le niveau de rémunération seraient nécessairement supérieurs à notre ordinaire, nos locaux et notre équipement. Cela réclamerait une autre salle ou une dimension extérieure, un investissement et le choix d’un risque financier (pour ne pas dire d’un déficit financier assuré). Pourquoi pas ? Mais pour quoi (en 2 mots) ?..
Il ne faut pas se l’interdire. Au contraire. Mais pour moi, cela doit relever d’un choix d’événement politique ET culturel (qui comblerait d’ailleurs le manque que je pointais au début de cette prose).
Notre objectif ne peut pas être de faire se produire tel(s) ou tel(s) artiste(s), quelle que soit sa (leur) grande qualité, mais de solliciter celui (ceux) qui colle(nt) au thème de notre événement, à la bataille politique que l’on veut mener. C'est ce qui permettrait d'espérer mobiliser un plus grand nombre de coopérateurs que ceux qui s'impliquent habituellement. Dans ces conditions, assumer un déficit, je saurais pour quoi (en 2 mots). Et il me semble que nous serions pleinement dans la vocation de la Carmagnole.
Lina Angles Tue 12 Apr 2022 9:25AM
c'est ce que je dis.
Odile Meynadier Tue 12 Apr 2022 8:23AM
Oui Lina mais il faut bien reconnaître que depuis plusieurs mois nous parvenons à défrayer les artistes seulement avec le bénéfice des repas. Une programmation de qualité nous le permet.
Lina Angles Tue 12 Apr 2022 8:13AM
Odile tu oublies de dire que lorsque le bar participe c'est avec, ou une partie de ce que nous lui avons versé des repas que nous préparons systématiquement. Avec ces repas nous évitons souvent, et les dernier temps jamais, de piocher dans la caisse du bar.
Ceci dit, je suis très indécise, jusque là je me disais qu'on ne pouvait pas transformer La Carmagnole en une salle de concert, pour moi il faut savoir doser avec la partie Débat/Conférences pour la diffusion de nos idées. Après avoir beaucoup discuté avec mes amies de l'atelier Culture, j'ai mieux compris. Certains nous demandent un guso (je dois dire que je ne savais pas ce que c'était), ils en ont besoin pour compléter leurs heures. Ceux qui nous le demandent sont les professionnels bien sûr. Le constat qui est fait c'est que quand nous avons des professionnels nous avons beaucoup plus de monde et la qualité est au RV. Nous nous sommes quelquefois fait piéger par des spectacles moins intéressant et nous l'avons payé. Je pense que si les artistes nous demandent un guso nous pouvons le faire. Mais, parce qu'il y a un mais, ça va restreindre le nombre d'artistes qui y participent car nous ne pourrons pas aller au-delà de 300 ou 400 e. Je renouvelle ma proposition qui est de nous permettre de faire 3 concerts festifs dans l'année pour réveiller le quartier avec l'Aide du bar ou de La Carmagnole. C'est compliqué pour moi de faire une analyse claire de la situation parce que dans ma tête je ne suis pas encore claire. Mais de même que nous faisons venir des pointures en Atelier Débats nous devons avoir du répondant en atelier Culture et pour cela il nous faut des moyens. La Carmagnole doit continuer à faire vibrer le quartier et Montpellier.
Bonne journées mes ami.es
Lina
Odile Meynadier Mon 11 Apr 2022 8:26PM
Depuis le début de la Carmagnole, nous nous efforçons de tenir à un bon niveau les soirées culturelles.Nous faisons appel soit à des musiciens dits amateurs comme les fanfares soit le plus souvent à des musiciens et poètes pros.
Quoiqu’il en soit dans tous les cas de figure, nous remercions humainement et matériellement les intervenants en leur offrant boissons et repas soignés (comme pour les fanfares) ou en leur octroyant un défraiement.
Au début, avant la pandémie, la règle était de donner 300 € minimum. Un chapeau circulait dans le public et si la somme escomptée n’était pas atteinte, on complétait avec l’argent du bar 300 € quelque soit le nombre de musiciens.
La Pandémie est passée par là et a encore aggravé la situation des artistes. Alors c’est vrai, on a un petit pincement en voyant ces musiciens qui galèrent arrivent pour leur concert à la Carmagnole souvent avec leur propre matériel de sonorisation très lourd et qui installent eux-mêmes le matériel même s’ils ne sont pas de vrais techniciens. Quel boulot !
A la Carmagnole, nous avons bien du matériel, pas très performant, personne ne sait vraiment s’en servir.
Les musiciens professionnels qui souvent courent après les cachets pour maintenir leur statut seraient satisfaits si on pouvait – avec l’argent du chapeau- ou avec l’argent qu’on pourrait recueillir avec une participation aux frais demandée à l’entrée* leur faire un guso*.
1 exemple : le soir du concert de SafSaf cela aurait été possible : 2 personnes intermittentes sur scène nous aurions pu avec l’argent recueilli dans le chapeau les déclarer.
Nous avons bien conscience que nous sommes un lieu militant tenu par des personnes bénévoles au dévouement immense.
Si l’on s’en réfère à la Charte, nous nous efforçons d’être en totale adéquation avec les articles 1 et 4 de la Charte
Un point d’appui pour toutes les luttes oui la lutte des artistes n’est pas négligeable et défendre leurs droits nous semble une préoccupation majeure.
Espace permanent de convivialité : nous en faisons la preuve avec nos soirées culturelles. Les repas concoctés par nos soins ont de plus en plus de succès.
La Carmagnole n’est pas une salle de concerts au sens de l’Opéra Comédie, du Corum ni même du JAM encore moins du Gazette Café. A la Carmagnole, on nous le dit sans arrêt, on se sent bien et ça il faut le conserver et les spectacles sont très appréciés.
chrystel FERIGNAC · Thu 20 Oct 2022 3:20PM
Comme à l' AG de novembre 2022 il va être question de ce sujet, je me permets de diffuser le texte qui m'a servi de support à la discussion lors de l'agora du 13 septembre. Le compte rendu de cet agora fait état du fait que nous ne souhaitions pas majoritairement qu'il y ait d'entrée payante à la carmagnole ( ce qui n'est pas mon avis pour certains concerts...) et que le sujet sur la rémunération des artistes est toujours ouvert voilà une partie des réflexions qui traversent l’atelier culture...
L’atelier Culture, après la longue période Covid, a réfléchi sur notre modèle de rémunération des artistes. Et voir comment nous pourrions faire mieux en respectant notre charte et les finances dont nous disposons. Nous avons ouvert un espace de discussion sur framavox qui a confirmé les positions de chacun, sans contribution au-delà du cercle du CA et de l’atelier culture… C’est dommage.
Mais peut être doit on s’entendre sur les valeurs que nous défendons à la Carmagnole.
Nous programmons à la Carmagnole des artistes engagés et proche des combats que nous menons et tous sont loin de l’industrie ou du système de diffusion des grandes salles ou des médias. Nous avons le double souci de programmer des artistes professionnels ou amateurs, plutôt issus de la scène locale (mais pas que) pour un public curieux de découvrir ces artistes choisis par nous ou alors fidèle à ces artistes en question. Mais nous avons également le souci de soutenir le statut d’intermittent qui est un statut qui protège une profession souvent malmenée.
Les artistes qui se produisent à la carmagnole « acceptent » une rémunération au chapeau qui est complètement aléatoire. Nous complétons avec la recette du bar/petite restauration mais jamais au-delà de 300/ 350 € quel que soit le nombre d’artistes sur scène.
Le chapeau soutient un artiste certes, mais un cachet soutient aussi tout un dispositif (l’intermittence) c’est la garantie de ces valeurs que l’on veut voir perdurer.
Sans licence d’entrepreneur de spectacle, nous avons la possibilité de programmer 6 soirées dans l’année en établissant des Guso (Guichet Unique du Spectacle Occasionnel) ce qui nous permettrait de salarier les artistes professionnels qui se produisent : c’est un cachet…
Il existe également la possibilité d’établir un Contrat de cession qui engage le ou les artistes à régler eux même leurs cotisations sociales…Nous l’avons fait déjà.