MEMO SANTE GUYANE
Ci joint une tentative de résumé sur la question de la santé en Guyane mis en lien avec l'AEC. n'hésitez pas à revenir vers moi pour questions ou complément d'information.
arthur Mon 22 May 2017 3:40PM
Rappel général sur les conditions d'exercice de la médecine en Guyane :
L’Ordonnance n°2005-56 du 25 janvier 2005, relative à l'extension et à l'adaptation du droit de la santé et de la sécurité sociale dans les départements d'outre-mer permet, en Guyane, d’autoriser l'exercice des médecins étrangers ou titulaires d'un diplôme de médecin non reconnu en France.
Il faut bien comprendre ici que c’est le seul territoire français où c’est le cas.
Il est par ailleurs important de rappeler que de fait ce n’est pas l’origine du diplôme mais bien les compétences réelles qu’il faut évaluer, ce qui n’est actuellement pas le cas puisqu’il n’y a aucun contrôle des pratiques et compétences médicales.
ATTENTION : Nombre des mauvaises pratiques médicales en Guyane ne sont pas imputables aux médecins étrangers mais sont en lien avec d’autres facteurs : nomadisme médical, turn-over, attractivité financière, découverte pour ne pas dire vacances mais aussi l’isolement et son manque de formation continue responsable d’une stagnation des qualifications des personnels soignants présents depuis longtemps sur le territoire.
L’appel aux médecins à diplôme étranger est très important en Guyane : ils représentent un tiers des médecins en exercice.
Pour répondre aux besoins de formation, l’Université de la Guyane dispose pour 2015, d'un numérus clausus de 5 places en médecine, 1 en odontologie, 1 en pharmacie, 1 en masseurs-kinésithérapeutes et 1 en maïeutique (sages-femmes).
http://www.iedom.fr/IMG/pdf/ra_2015_iedom_guy_pour_menl.pdf
Ce nombre de 5 médecins par ans formés (qui pour la majorité resterons pratiquer en France hexagonale puisqu’ils y finissent leurs études après être passé par les Antilles) est plus qu’insuffisant pour combler le déficit majeur en professionnels de santé que compte la Guyane.
⇒ Il manque pas moins de 300 médecins si nous sommes 240 000 et plus de 400 si nous acceptons enfin d’être 300 000 et plus de 600 si on pense être bientôt 400 000
(et ainsi de suite dans le tableau pour dentistes, infirmiers, kinés et pharmaciens)
⇒ Tout le territoire est impacté mais les populations concernées par les centres de santé, de part leur isolement, sont les plus défavorisés. L’accès au soin y est souvent précaire, constamment curatif, manquant cruellement de moyens.
arthur Mon 22 May 2017 3:41PM
Point sur les revendications santé des mobilisations récentes :
La part de la santé acquise lors des accords de Guyane signés le 21 Avril 2017 sont minimes par rapport au retard structurel que compte la santé en Guyane.
Il est décevant de voir que l’accord prévoit 300 millions d’euros pour le doublement de la route entre Macouria et Matoury ce qui représente 3 fois plus que tout ce qui est alloué à la santé de toute la Guyane.
Rien que le doublement du pont du Larivot représente plus que ce qui a été accordé pour la santé de nou tou moun ki guyanais. Où sont les priorités ?
Ce qui a été acquis ne représente finalement que ce qui avait déjà été acté par le COPERMO (Comité interministériel de performance et de la modernisation de l'offre de soins) avant les mobilisations citoyennes de mars et avril 2017.
• Délégation en urgence de 20 millions d'euros au CHAR pour paiement de ses fournisseurs et 40 millions d'euros supplémentaires pour moderniser l'hôpital
• Attribution de 25 millions d'euros au CHOG pour renforcer son budget d'investissement.
• Mise en place d'un plan exceptionnel de 5 millions d'euros pour les politiques du handicap
⇒ La seule nouveauté étant l’abandon du projet de cession du CMCK au secteur privé en faveur d'un projet s'inscrivant dans le secteur public.
Une note d’espoir pour l’avenir : la création d’un CHU :
Centre Hospitalier Universitaire qui reposerait sur les 3 centres hospitaliers publics du littoral, le CHOG à St Laurent, le CMCK à Kourou et le CHAR à Cayenne mais nous en sommes encore loin vu le manque de praticiens et de spécialités présentent sur le territoire actuellement.
Cette mesure est soutenue par le collectif pou lagwiyann dékolé, c’est un projet ambitieux à soutenir mais ceux qui le soutienne pour l’instant se coupent un peu des gens ayant le statut de professeur d’université et donc étant par définition les premiers concernés. Ils travaillent souvent dans le libéral et non pas dans le public, comme la majorité des médecins élus à l’assemblée nationale et c’est bien tout le drame de la santé en France.
D’un point de vu infirmier, la création d’un IFSI (Institut de Formation en Soins Infirmiers) à Saint Laurent du Maroni est une urgence. (Quid du choix sociétal faisant préférer la construction de centres pénitentiaires à celles d’école ou de centres de formations)
Les perspectives sont maigres, l’UTG santé continue la lutte même si ils sont isolés et peu représentatifs de l’ensemble des professionnels de santé du territoire.
arthur Mon 22 May 2017 3:42PM
Les centres de santé :
APATOU, GRAND SANTI, PAPAICHTON, MARIPASOULA, TALHUEN, ANTECUMPATA, 3SAUTS, CAMOPI, SAINT GEORGES, OUANARY, REGINA, CACAO, KAW, SINNAMARY, IRACOUBO, JAVOUHEY, MANA et AWALA-YALIMAPO
Les centres de santé de Guyane prennent en charge chaque année plus de 32 000 Patients différents. Ils totalisent plus de 167 000 consultations médicales et infirmières. Ils sont pour la plus part accessibles 24 heures sur 24 lorsque la nécessité de consulter arrive. Les Centres de Santé de la Guyane d’aujourd’hui soignent de Talhuen à 3Sauts, de Ouanary à Kaw, d’Awala à Maripa. Ils manquent cruellement de moyens tant humains que matériel, souvent victimes d’un turn-over ne permettant pas une continuité des soins et une intimité entre soignant et soigné permettant un soin juste et pas juste un soin toujours rappelons le CURATIF.
Exemple : Maripasoula : population déclarée INSEE en 2014 : 11 106 habitants, hors présence de plus de 25 000 dossiers au centre de santé de Maripasoula.
⇒ Il y a plus de 2 fois plus de dossiers médicaux au centre de santé de Maripasoula qu’il n’y a de population déclarée dans la commune.
Il parait important de souligner dans ce chapitre que nombre des patients venant consulter au centre de santé de Maripasoula viennent d’en face (Albina 2) ou de forêt (activité d’orpaillage illégale +++). Le fonctionnement des Centres de Santé fait que les patients n’ont pas besoin d’une sécu pour être reçu en consultation et l’offre de soin de santé y est donc totalement gratuite (cela fonctionne un peu déjà comme les maisons pluri-professionnelles de l’AEC).
⇒ Il faut utiliser le maillage déjà existant des centres de santé et leur offrir les moyens nécessaires pour fonctionner correctement à l’image des centres pluri-disciplinaires composés de généralistes salariés en lien direct avec les structures sanitaires publiques du littoral afin d’améliorer l’accès au soin des guyanais ne vivant pas à SLM, Kourou ou Cayenne.
Pour l’histoire : La réalité des faits est qu’en pratique l’hypocrisie règne puisque les patients brésilien non francophone venant consulter au centre de santé ne payent pas leur consultation médicale mais en revanche payent 20 euros un traducteur pour se faire comprendre pendant leur consultation. Ce travail n’est pas une activité déclarée mais elle a pourtant cours tous les jours au centre de santé de Maripasoula.
⇒ Ce qui est gênant ici n’est pas que les soins soient gratuit mais que les patients illégaux lusophones payent sans sourciller un traducteur 20 euros pour 10 minutes de consultation. L’hypocrisie réside dans le fait de les soigner curativement gratuitement et que d’un autre côté ils ne cotisent pas à la sécurité sociale alors même que certains sont à l’origine d’un impact important sur la santé globale de la population du secteur via la pollution mercurielle fluviale du fleuve Maroni.
⇒ La construction d’un petit hôpital à Maripasoula est une urgence
⇒ Il faut que les centres de santé de leur vrai nom CDPS Centre Délocalisés de Prévention et de Soins aient enfin les moyens d’assurer leurs missions qui comme leur nom l’indique n’est pas que CURATIVE.
arthur Mon 22 May 2017 3:44PM
La santé n’est pas seule, elle fait parti d’un tout :
AEC : Il faut une cohérence des politiques économiques, sociales, environnementales et de santé passant par la prévention et l’éducation, leur donner les moyens financiers nécessaires pour atteindre cet enjeu majeur de lier de manière vertueuse agriculture et alimentation, consommation et travail, logement et santé, égalité et fraternité. Une meilleure santé physique et psychique de la population passe par le changement de certains modes de vie.
Les liens faits dans l’avenir en commun entre santé, éducation, prévention et mode de vie, c’est être et savoir que ce que nous mangeons nous constitue.
Ex : La durée de vie d’une cellule intestinale est de 3 jours, chaque être humain possède l’équivalent de la surface d’un terrain de tennis de cellules intestinales qu’il régénère tous les 3 jours, quelle prouesse ! Notre sang lui, met 3 mois à être complètement renouvelé et ainsi de suite tissu par tissu, chacun possède son cycle.
Ce qu’il faut bien comprendre ici c’est que nous créons tous les jours mille et un cancers mais que nous rectifions le tir de nos erreurs de réplications en temps réel. Le vivant n’est pas figé, il se remanie continuellement pour s’adapter.
En d’autre terme après avoir adapté la nature à lui, l’Homme doit maintenant s’adapter à elle, àla vie, aux autres formes de vies pour que celles-ci prospèrent en symbiose et non sur le principe de la dette ou du manque.
Et en Guyane ?
En Guyane les modes de vies évoluent très vite et la part des maladies nouvelles est de plus en plus forte (diabète, obésité, accidents vasculaires cérébraux, etc…) A noter qu’en ce moment alors même que les accidents vasculaires cérébraux sont la première cause de mortalité en Guyane, il n’y pas un seul neurologue sur le département à même de prendre en charge les patients victimes d’AVC. Ce sont les neurologues de Besançon qui par télémédecine posent les indications urgentes de traitement permettant au patient d’espérer ne pas finir paralysé.
Obésité Diabète Accident Vasculaires Cérébraux
France hexagonale 12 3,6% 0,57%
Guyane 18 5,5% 0,71%
Note d’espoir :
Le lien entre planification écologique, règle verte, santé publique et mode de vie est en Guyane encore très fortement implanté.
L’agriculture vivrière familiale est l’agriculture qu’il faut aider et subventionner avec un don massif de terres et une organisation coopérative des productions pour se diriger vers une autonomie alimentaire réfléchie, saine et respectueuse de l’environnement par là garante d’une santé partagée de tous les guyanais.
arthur Mon 22 May 2017 3:45PM
AEC : La coopération doit remplacer la concurrence
La protection maladie doit être un droit universel inscrit dans la constitution, c’est à dire une prise en charge à 100% de tous les frais de santé par l’assurance maladie.
La privatisation de la médecine accentue les inégalités d’accès au soin et font que la part de la prise en charge de la sécurité sociale diminuent et rendent nécessaires des mutuelles qui ne sont d’autre que des entreprises gagnant de l’argent avec la santé des gens.
Pour constituer un véritable service public de soins primaires il faut :
En finir avec la logique perverse de « l’hôpital-entreprise » pour restaurer le service public hospitalier, auquel doivent être donnés les moyens humains et financiers de fonctionner dans des conditions de travail respectueuses des soignants.
Créer un corps de médecins généralistes fonctionnaires pour développer massivement des centres de santé locaux et pluri-professionnels garant d’un exercice des soins primaires en équipes (médecins, infirmières, kinésithérapeutes, diététiciens, médiateurs de santé, etc.) avec des liens étroits avec les hôpitaux publics.
Interdire les dépassements d’honoraires.
Recruter 62 500 soignants et médecins à l’hôpital
Réorganiser le secteur médico-social et le secteur psychiatrique en lui donnant les moyens de fonctionner.
Remettre à plat un circuit du médicament aujourd’hui sous l’influence des laboratoires pharmaceutiques.
Instaurer le « 100 % Sécu » en remboursant à 100 % les soins de santé prescrits, dont les soins et appareils dentaires, optiques et auditifs.
⇒ Tout ceci concourt à remettre à niveau en Guyane le maillage de la santé existant qui est avant tout public puisque les 3 hôpitaux principaux que le CHOG, le CMCK et le CHAR sont avec les postes et centres de santé dispatchés sur tout le territoire guyanais tous publics.
⇒ La chance de la Guyane est que la médecine privée libérale y est très peu implantée, ce qui rend une réforme en profondeur plus aisée qu’ailleurs où les structures privés seraient à modifier. Ici tout est à faire.
Le mot de la fin c’est cette liberté ultime donnée de soi à soi qui complète l’égalité et la fraternité.
C’est le droit à décider de sa propre fin, y compris avec assistance qui sera reconnu liberté fondamentale et inscrit dans la Constitution.
arthur · Mon 22 May 2017 3:38PM
L’inégalité de l’espérance de vie c’est :
Idée princeps :
D’un point de vue structurel tous les déficits médicaux de Lagwiyann sont calculés pour une population de 240 000 habitants quand la réalité est que nous sommes entre 300 et 400 000.
Les projections démographiques de l’INSEE montrent que la population guyanaise va passer de 240 000 en 2013 à 406 000 en 2027. Un quasi doublement en 15 ans qui s’est déjà vérifié sur les 15 dernières années. Le déficit va donc de se creuser encore plus si l’on considère en 2017 que le peuple guyanais est déjà supérieur à 300 000 !
tableau dans feuille jointe pour les manques en personnels soignants