Une ambition audacieuse

Il est dit dans la proposition 75 "un concours d’architecte pourrait être ouvert en vue de la réalisation d’un ensemble architectural « d’avant-garde »". Un point soulevé justement dans le monde diplomatique de ce mois qui dénonce le recours au concours d'architectes (dans l'article intitulé "Un urbanisme à la dérive: les autorités françaises renoncent à leur rôle de maître d'ouvrage").
En particulier: "Ces nouveaux appels à projet génèrent en outre une architecture spécifique. De prime abord, les projets proposés paraissent très singuliers, rivalisant de créativité. Ils sont en fait très semblables. La brièveté de la première phase de consultation - intense et pas (ou mal) rémunérée- permet difficilement aux concepteurs d'aller au fond des choses. On leur demande surtout de donner envie, ce qui favorise les innovations superficielles et cosmétiques [...]"
Méfiance, donc!

Le concours d'architecte n'est pas essentiel, mais le cahier des charges devra sans doute être élaboré en associant un grand nombre de nazairien.e.s. Cela demandera du temps, plusieurs années entre la définition du projet, le concours financiers, et la réalisation. Dans une période où l'irrationnel étend son emprise sur les esprits, où le raisonnement et les connaissances scientifiques sont médiatiquement malmenées, où les réseaux sont infestés de fake news mais étendent tout de même leur influence, il convient dans ce siècle de remettre à l'ordre du jour "l'esprit scientifique", d'éveiller les sens critiques, de s'appuyer sur les échecs et les succès des sciences et des techniques pour susciter les curiosités, les vocations (pourquoi pas), non pas comme cela fut au XIX ème siècle avec le scientisme, mais justement en donnant une perspective historique à cette fabuleuse aventure humaine de conquête de savoirs, de connaissances, de maîtrise du "destin" de l'humanité. Pour faire simple, on apprend que les découvertes scientifiques sont l'oeuvre de quelques génies, alors que historiquement les progrès des connaissances sont le plus souvent une succession d'erreurs corrigées, collectivement. Quelques ouvrages de vulgarisation sont éloquents à cet égard.
La conception de ce "centre national d'histoire des sciences et des techniques" peut mobiliser les réflexions des salariés des chantiers et de l'aéronautique, des enseignants, des étudiants, des jeunes, et des animateurs de centres sociaux de sorte à parvenir à un équipement haut de gamme dans son contenu et populaire, voire ludique pour les enfants (mais pas que pour eux !) en même temps. Entre salle d'expos permanentes, et expositions thématiques temporaires (l'eau, l'énergie, la conquête spatiale, l'exploration sous-marine, les savoirs de la Grèce antique, du monde arabe, de la Renaissance, etc...) et plusieurs salles de conférence ou amphithéâtre : la matière est plus qu'abondante. Cela mériterait un ensemble architectural digne des temps à venir, emblématique de l'époque future, anticipateur, et faisant un clin d'oeil aux châteaux qui bordent notre grand fleuve la Loire, le dernier château avant de rejoindre l'océan. Ce "château" pourrait être l'identité d'une cité qui a brillé et brille par ses productions modernes.