Framavox
Wed 20 May 2020 1:45PM

Thématique d'action : art

SF Se Fédérer Public Seen by 101

DU

Jean-Marc SAURET Fri 5 Jun 2020 10:47AM

Dans une approche Municipaliste libertaire, ou communaliste, il ne s'agit pas de faire table rase du monde actuel mais de commencer de suite à bâtir le nouveau sans se préoccuper de l'ancien qui, lui, a besoin de nous comme esclaves. Je m'explique : quand Martin Luther King a voulu combattre la ségrégation des noirs à Atlanta, il n'a pas fait table rase de l'Amérique, il a juste invité ses congénères à ne plus être les esclaves "vaches à l'ait" du système : "Vous nous mettez à l'arrière des bus ? Alors nous ne le prenons plus..." Dont acte. C'est de ça dont il s'agit.

Le vendredi 5 juin 2020 à 11:28:53 UTC+2, Sophie Sainte-Marie (Framavox) notifications@framavox.org a écrit :

SS

Sophie Sainte-Marie Fri 5 Jun 2020 9:28AM

Il me semble qu'il y a donc deux combats différents qui s'inscrivent dans deux temporalités différentes ou deux champs complémentaires.

L'un compose avec le réel de cette société, l'autre en fait table rase, j'ai peur que ni l'un ni l'autre ne soit gagné d'avance. L'important, à mon avis, c'est de cumuler les deux points de vue pour en faire des objectifs par étapes.

Belle journée,

Sophie

DU

Jean-Marc SAURET Thu 4 Jun 2020 3:14PM

Je vous entend tout à fait, Sophie, et je connais bien cette problématique pour y avoir trempé bien des années. Mais ceci est "pensé" dans une société néolibérale d'échanges de marchandises. C'est à la révision de ceci que je m'emploie et que j'ai écrit. Je ne parle pas de statut juridique, mais de statut social. Relisez mon propos, il est dans ce sens là.
Bien à vous
Jean-Marc

Le jeudi 4 juin 2020 à 16:03:46 UTC+2, Sophie Sainte-Marie (Framavox) notifications@framavox.org a écrit :

SS

Sophie Sainte-Marie Thu 4 Jun 2020 2:03PM

"Artiste-auteur" est un statut.. Si vous êtes édité, vous ne vous en rendez peut-être pas compte parce que c'est votre maison d'édition qui vous paie... en Traitements et Salaires. Néanmoins, si vous n'avez pas renoncé à la retenue à la source de votre TVA, votre maison d'édition ne vous la verse pas. (Vous perdez d'ailleurs, à cette occasion 9,20% de TVA). Cette TVA est la preuve que vous avez créé un bien sur lequel il y une valeur ajoutée. Mais si vous aviez décidé d'être payé autrement, ce qui est possible et plus avantageux, vous auriez pu, comme je suis obligée de le faire puisque je suis plasticienne, déclarer vos revenus en BNC, Bénéfices non commerciaux. Vous auriez dû, à ce moment là, déclarer vos revenus à l'Agessa, puis, depuis 2020, à l'URSSAF et, avant cela, vous auriez dû vous inscrire sur le CFE, le Centre de Formalités des Entreprises !

Sur le site de l'Urssaf, votre "case" serait celle d'"artiste-auteur", avec un trait d'union, sur le CFE, votre case serait celle de "professions libérales et assimilées, artistes, auteurs".

Les éditeurs ont tout intérêt à laisser croire que le statut est superflu. Faites disparaître du vocabulaire le mot prolétaire, et les conflits de classes semblent s'effacer. Faites disparaître le statut d'artiste-auteur, et la lutte pour les droits de ces artistes-auteurs disparaît de même... Que vous le vouliez ou non, si vous êtes publié, votre texte fait partie d'une économie. L'art est donc aussi un produit. Votre éditeur vit, plus ou moins bien, du produit de votre travail et de celui d'autres artistes-auteurs.

DU

Jean-Marc SAURET Thu 4 Jun 2020 1:35PM

Moi aussi, j'aime bien bien votre réflexion et donc continuons l’échange. Artiste (et j'en suis) n'est pas un statut. Je suis aussi sociologue clinicien et ça ne me défini pas non plus ni "épuise" ce que je suis. Je suis aussi auteur, peut être ?... Non, je fais l'auteur aussi en publiant livres, articles et chansons. De fait, nous sommes et nous avons des activités. Le statut est superflus. Oui, tout le monde a besoin de vivre mais, pour ce faire, nous avons à repenser nos rapports sociaux et ne pas prendre le modèle du néolibéralisme de marchés pour rebâtir le monde qu'on veut. Nous sommes et nous nous rencontrons pour partager et vivre ensemble, pas pour commercer et exploiter qui ou quoi que ce soit. Oui, l'art est surtout la voie par laquelle se dit l’indicible et ce ne peut être un produit...

Le jeudi 4 juin 2020 à 14:46:56 UTC+2, Sophie Sainte-Marie (Framavox) notifications@framavox.org a écrit :

SS

Sophie Sainte-Marie Thu 4 Jun 2020 12:46PM

Bonjour, j'adore votre texte, même si je ne vois pas du tout les choses de la même manière. La "Fonction sociale de l'art", est pour moi presque un contresens. Justement parce que réductrice. Et pas forcément créatrice ni émancipatrice. La fonction sociale dont vous parlez au début, est une fonction de ritualisation. La "pratique artistique" est devenue un loisir. On est très loin du côté quasiment mystique des rites pas si anciens. Célébrer la disparition d'un être cher, ce n'est pas ce que j'appellerais une fonction pratique. C'est plutôt, pour moi, l'idée de laisser du temps aux humains pour que le "beau", quel qu'il soit, la poésie, bref, le cerveau droit, reprenne un peu de place. On ne parle plus beaucoup d'art, mais beaucoup d'industrie culturelle. C'est dire... L'art est donc multiple. Il est à la fois ce qui se crée et ce qui se perpétue. Il est à la fois spirituel, parfois, et intellectuel. Il peut être fun ou pas... Mais il y a des gens, dont je fais partie, qui pensent que réfléchir à l'art sans réfléchir à la condition des artistes-auteurs (c'est comme ça qu'on nous appelle à l'Urssaf) ou sans réfléchir à la condition des artistes-interprètes, c'est à terme, annihiler tout simplement l'art sous toutes ses formes. Bien sûr, on aimerait que plus de personnes puissent avoir du temps, pour éplucher des pommes de terre, pour danser, pour voir un film, pour marcher, mais les artistes, auteurs ou interprètes, ont quand même besoin de manger.

DU

Jean-Marc SAURET Thu 4 Jun 2020 11:42AM

Il nous faut savoir ce que nous voulons voir arriver, perdurer et disparaître. Voulons nous vivre de l'art, faire de l'argent avec ou avons nous conscience que l'art est la voie (ou voix) par laquelle s'exprime l’indicible ? S'il s'agit du second cas, alors l'intérêt est que le plus grand nombre pratique. L'art devient un partage culturel, une co-construction collective, pas une production marchande. Il participe du lien social et de la créativité collective, du bien être de chacun et de tous.

Je sais qu'une bonne chanson fait plus pour des causes que de longs discours. Je sais que quelques vers font plus témoignage de réalité que de longues démonstrations. Je sais que de belles couleurs fondent nos émotions, les accompagnent comme un bain de nature.

Dans le temps, l'art avait aussi des fonctions pratiques, comme danser pour tasser la terre avant d'y construire une maison, célébrer l'accueil d'un enfant, de nouveaux mariés, le départ d'un être cher, la rencontre de groupes humains, etc.

Si nous voulons garder ces fonctions sociales, voire en développer d'autres, c'est communautairement que l'on bâtira les œuvres, les rites et les liturgies sociales. Si la célébration du beau nous attrape, alors donnons nous les moyens de le faire et partageons nos moyens pour que d'autres y parviennent. Les écoles sont là aussi pour ça. Ce ne sont pas de Musées dont nous avons besoin (le culte de la personnalité ne sert à rien), mais de cafés, de salles communes ou privées où se passent et s'exposent les œuvres, les créations. Je ne suis pas sûr non plus que nous ayons besoin d'un statut d'artiste, ou de quelconques statuts sociaux professionnels. Je ne vois pas de boites enfermer la personnalité de l'un ou de l'autre sur la fonction qu'il exerce, sur une pratique qu'il exerce. Je ne suis pas que sociologue, que poète ou troubadour, qu'artisan, que père de famille, que maman, que danseuse, que gourmand, etc. Je peux tout être sans que quiconque ne me réduise à une fonction. Ceux qui le souhaitent seraient-ils déjà morts ou fainéants ?...

Je me souviens qu'en 67, à Montauban, ma ville natale, une troupe de saltimbanques avait investi un parc en ville pour y animer un large happening. J'avais quatorze ans et en les voyant faire, je leur ai demandé si je pouvais moi aussi faire quelque chose. Ils m'ont dit oui en ajoutant "Sers toi !". Il y a avait des planches, des clous, des outils, de la peinture, du papier, des tissus, etc. J'ai attrapé quelques planches que j'ai décoré et assemblés pour faire une perspective. On ne pouvait voir ce dont il s'agissait que d'un seul angle. Ça ne servait à rien sinon qu'à surprendre. Personne ne m'a félicité (ceci aurait été un non sens), et beaucoup sont venus voir avec un sourire ou une expression de visage qui me remplissait. Voilà, le culte du beau gratuit, c'est ça pour moi et ça peut vraiment exister juste pour le fun... et c'est fun !

JD

jérôme dupeyrat Fri 5 Jun 2020 2:21PM

Oui, d'accord ou pas avec toutes leurs idées, La Buse, Art en grève, je trouve que ça fait du bien dans le paysage actuel. Je relaierai aussi via les discussions du groupe "Bas les masques - arts et culture"...

SS

Sophie Sainte-Marie Fri 5 Jun 2020 2:06PM

Ouah ! Ça c'est courageux ! Moi je suis à Paris section 5/13. On a bien regardé ce que vous faites à la Legal Team de Montpellier et à l'observatoire de Toulouse, mais moi, personnellement, je ne me sentais pas de faire pareil. J''ai surtout représenté ma section dans un Conseil de quartier, histoire de voir comment fonctionnait la démocratie participative dans le 13e (on avait déjà vu que ça ne marchait pas très bien suite à notre demande de l'évocation réunions de la vidéosurveillance). J'ai fait ça pendant 6 ans je crois, je n'en pouvais plus. Avec mes petits camarades, on a rédigé un document sur le cadre déontologique nécessaire (et expérimenté dans les CQ où on était inscrits). J'étais, en parallèle, déléguée de Fédé, ça devenait impossible à gérer, trop de réunions dans tous les sens. Du coup, hormis des actions très ponctuelles, je ne suis plus très active, j'anime la page Facebook de la section et je suis trésorière adjointe, c'est à dire que j'aide, très vaguement, notre super Trésorière-Permanente RESF- Tracteuse-Rédactrice du journal de la section-Co animatrice de la page Facebook.

Pour alimenter la discussion, même si je ne suis pas d'accord avec eux, on pourrait inviter des gens de la Buse et Art en grève à nous rejoindre. Je vais faire passer à Emilie Moutsis, elle est sympa.

DU

Jean-Marc SAURET Fri 5 Jun 2020 1:54PM

Merci, Sophie, pour cet excellent article de Marc Heim, votre père.
Je vois que ses accointances proudhoniennes sont visible en acte. C'est bien, me semble-t-il, dans ce champ là qu'il nous faut fouiller.
Les village libertaire en Aragon en 36, la commune libre de Kronshtadt et les communautés kurdes du Rojava, et bien d'autres par le monde et l'histoire, sont des exemples que ceci marche et est possible.

Le vendredi 5 juin 2020 à 15:10:50 UTC+2, Sophie Sainte-Marie (Framavox) notifications@framavox.org a écrit :

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