Action 2 : Construire des récits appropriables

Sur ce point, j'attire votre attention sur le manque de diversité sociale et ethnique du premier rassemblement de notre projet commun. Il est fondamentale d'intégrer des associations qui travaillent dans les quartiers populaires et le monde rural, se connecter aux tiers-lieu de la France urbaine qui fourmillent d'idées et d'acteurs engagés. Je crois avoir déjà évoqué banlieues climat qu'il serait vraiment intéréssant de contacter.

@Benjamin en accord complet avec toi. Notre problème est surtout un problème de moyens : peux-tu te charger de faire ce lien, de contacter les bonnes asso et de faire vivre cette relation ?

Je plussoie à la remarque de Benjamin, dans un sens encore plus élargi en faisant remarquer que l'échelle requise des transitions écosystémiques rend incontournable la mise en coopération sincère d'acteurs Publics, Privés, des Communs et de la société civile et cela que ce soit sur le terrain (territoires, secteurs d'activités) ou pour faire évoluer les institutions. Pour celà l'approche systémique de Donella Meadows (théoricienne de la transformation systémique à grande échelle) nous invite au niveau des récits de la transition, non seulement à les multiplier et les communiquer, mais aussi à identifier et cultiver ensemble et de façon élargie et intégrative LE récit qui transcenderait les fractures profondes entre les différents imaginaires de la Transition (p. ex. les technosolutionnistes, les décroissants, les survivalistes, etc.) qui ont chacun leur système de valeur, leurs croyances et leurs représentations du monde et de l'avenir prévisible, mais aussi du "bien" et de la façon de le faire triompher...

Ce que Thibaud Faucon de l'ADEME rappelle être l'objectif de "la transcendance des imaginaires de la transition" qui unifierait l'effet conjugué de tant d'acteurs que tout sépare et de toute une civilisation mondiale à réorienter, nécessite de la mise en dialogue génératif élargie au-delà des cercles ou des secteurs en affinité (ici lors de l'événement de lancement du projet, surtout la société civile, l'ESS). Les récits ont pour mission aussi de concourir à enrichir un point de vue et une représentation holistique sur le système à transformer, représentation à rendre vivante pour chaque acteur local ou sectoriel de transformation.

La co-création d'un récit unique de transcendance des imaginaires sera possible. Des éléments essentiels de sa substance ont d'ailleurs déjà été identifiés de façon indépendante à plusieurs endroits du système global, mais il y a une condition. Il ne peut émerger et s'étoffer qu'entre acteurs conscients de la nécessité de s'affranchir de l'opposition dialectique et des ressentiments issus des rapports de forces du passé et de se hisser tant dans ses émotions que par la pensée à la hauteur du nouveau paradigme systémique de Transition, qui n'est plus celui de l'ancien monde, celui des Modernes, et qui est à accompagner dans de profondes transformations.

Oui sur l'orientation actions 1+2+3, créer ces récits est utile, mais non suffisant pour entrainer le mouvement de celles et ceux qui ne fonctionnent pas par "compréhension - déduction - action", et donc qu'une approche par récits ne touchera pas (pour des raisons de forme ou d'accès réel aux media qui les relaieront). Ajouter si possible des formes plus créatives, engageantes, peut-être bouleversantes, qui montrent et font ressentir une autre dynamique humaine, et pas seulement une "nouvelle rationalité partageuse des affaires". Peut-être aviez-vous cette vision large du mot récit, qui me paraît trop limitant. Je n'ai pas pour l'instant de proposition alternative.

Comment récupérer un milliard gai plutôt qu'un milliard triste ?

Après réflexion, je modère mon propos d'hier soir : si l'objectif vise ceux qui ont aujourd'hui des moyens financiers à mobiliser, ils ont sans doute aussi les ressources culturelles pour se mobiliser sur la base de récits. Tout dépend de l'orientation de la recherche de fond, très opérationnelle et efficiente vers des investisseurs institutionnels ou pas, ou bien de toucher les particuliers qui pourraient réorienter leur épargne retraite / assurance vie parce que cela fait sens pour eux (socialement ou en termes de risques, peut-être moins ici que dans les bulles des places financières dominantes)

@Thierry Merle (Rennes) je suis d'accord (et nous sommes plusieurs à l'être) sur la nécessité que le récit soit véhiculé sous diverses formes qui parleront à divers publics. Il nous faut être créatifs, engageants, disruptifs, émouvants etc... Je veille à ce que cela figure dans le plan d'action.

Je ne suis pas convaincu par la formulation de cette action mais convaincu de son importance pour mobiliser.

Comment susciter l'émotion et l'engagement dans l'objectif de se relier pour obtenir un milliard d’euros pour toutes les initiatives de transition juste?

"Sortir de l'entre soi" et "Ringardiser' les récits dominants" importent beaucoup moins que susciter cette émotion parmi celles et ceux qui sont peu mobilisés par les sujets de transition sociale et environnementale

Suggestion : Sur la base de ce fil commun, construire la trame d'un message inspirant avec des récits et témoignages appropriables par le plus grand nombre

@Philippe HERVE merci beaucoup, je ne change pas tout (la "ringardisation" ou plutôt le dépassement des récits actuels est un élément important pour beaucoup d'entre nous) mais j'intègre la notion de message inspirant

Je fais le constat que:

• l'innovation est généralement admise comme solution aux défis de la transition écologique

• le modèle entrepreneurial de type start-up est le modèle d'innovation présent massivement dans les imaginaires

• ce modèle a de nombreuses limites en terme:

  • d’accentuation des inégalités par l’accélération de la concentration du capital dopé fréquemment par de l'argent public: subventions, BPI ...

  • de gouvernance par le mythe de l'entrepreneur / CEO tout puissant

  • social: les conditions de travail sont souvent dégradées suite aux levées de fonds pour atteindre les promesses faites.

Je propose de documenter ces limites et de montrer par effet miroir comment le modèle entrepreneurial ESS s'affranchit de ces limites en plafonnant les rémunérations du travail et du capital pour se mettre au service de ses clients/usagers et de ses parties prenantes (social, environnement ...).