"je verrai toujours vos visages" - film sur la justice restaurative

Bonjour ..., Un long mail que vous pourrez lire en diagonale si tout ne vous intéresse pas : la demande serait de le transmettre à ... l'intervenante de l'AIS35 (...)

Merci encore pour cette séance de mardi soir : le film était extrêmement touchant et instructif, et la rencontre avec l'intervenante pertinente.

(...) Nous ne sommes pas arrivé-e-s assez tôt pour saluer ... au préalable (qui était déjà monté en régie sans doute), et dans la rencontre après on a échangé plus collectivement, du coup nous n'avons pas poursuivi l'échange initié par mail (...) Nous avons tout de même pu dire quelques mots des systèmes restauratifs, surtout parce que cela semblait répondre à des questions et doutes exprimés par ailleurs dans la salle.

Quant à moi (et c'est le cas aussi de Sonia), je crois à l'utilité et aux bienfaits d'une justice restaurative initiée par les institutions publiques - c'était déjà le cas avant de voir le film de Juliette Herry, d'ailleurs. Je crains, aussi, que ça puisse servir des fins institutionnelles qui ne me semblent pas en cohérence avec l'esprit de la JR, mais je peux me tromper. En tout cas, après les éléments statistiques qu'a partagés la salariée de l'AIS, je trouve plus importante que jamais la reconnaissance et la conscience de nos différentes stratégies (qu'on pourrait qualifier de politiques... mais qui sont aussi très concrètes bien sûr), et l'élan de contribuer à développer la complémentarité, l'interconnaissance et la solidarité entre nos pratiques.

Cette autre justice régénérative où nous œuvrons, de notre côté, a en effet tout son sens. Pour y contribuer Sonia et moi depuis plusieurs années et parfois intensément au quotidien, en même temps que des centaines d'autres bénévoles et entrepreneur-euse-s autonomes à travers la France (sans parler de la francophonie ni du reste du monde), nous pouvons en dire que :

- Des milliers de gens en bénéficient chaque année - il n'y a pas (et ne peut pas y avoir) de statistiques précises, mais c'est en tout cas bien au-dessus des 300 personnes bénéficiaires dont nous a parlé Aude... dont 0 en Bretagne. Alors que les moyens financiers sont dans une opposition inverse. Certes, les parcours dont Je verrai toujours vos visages témoigne sont aussi beaucoup plus longs et complexes, en moyenne, que ceux que nous vivons en général - mais...

- Les systèmes restauratifs engagent aussi parfois des parcours longs et complexes. Il s'est déjà vu qu'un cercle dure plusieurs jours, ou un accompagnement plusieurs années. Il arrive assez souvent que des victimes (nous essayons d'éviter ce mot, mais c'est vrai que les alternatives sont moins évidentes que celle que constitue bien "l'auteur") d'actes reconnus comme criminels préfèrent, pour diverses raisons, éviter de faire appel à la justice républicaine et ne portent pas plainte, et cherchent alors parfois dans des processus restauratifs (avec ou sans la présence des auteurs, avec ou sans accompagnement professionnel) une réponse plus adaptée à leurs visions du monde. Il arrive aussi que de tels processus restauratifs aient lieu en parallèle du mouvement de la justice pénale.

- Cette justice restaurative alternative, c'est aussi beaucoup de recherche, des systèmes de soutien, un réseau organique et mouvant mais solide, des formations nombreuses, accessibles et bien conçues, des retours et des partages d'expérience, des liens intenses etc. bref : une structuration complexe et fiable, sinon partout du moins à bien des endroits,

- Certes sans doute des maladresses ont lieu, ou des accompagnant-e-s insuffisamment compétent-e-s, informé-e-s ou attentif-ves... mais parfois de bons résultats procèdent d'une démarche approximative, et à l'inverse des souffrances ou des violences inouïes découlent d'une démarche impeccable... Le principal propos des formations en justice restaurative n'est-il pas justement d'apprendre à écouter au-delà des rôles institutionnels et de sortir de certaines des ornières d'une institution qui demeure punitive, et hélas souvent non-empathique ni même du tout compréhensive (sinon pire) ?

On peut critiquer ou non ce dernier aspect, le penser inévitable voire nécessaire, ou bien envisager d'autres sociétés sans prisons... ce n'est pas le sujet en l'occurence - et le film évite d'ailleurs de prendre parti à ce propos, tout en nommant les différentes positions en présence. Je regrette un peu qu'il n'y ait pas plus de lumière portée sur la "cuisine" administrative, légale et organisationnelle, mais c'est évidemment bien moins cinématographique.

La question selon moi, entre JRI* et SCJR* c'est : ne serait-ce que quelques heures par an, pourrions-nous nous donner les moyens de nous rencontrer d'un milieu à l'autre, de confronter les pratiques et les perspectives, à l'échelle régionale ?

Nous sommes en lien avec quelques acteur-ices des cercles & systèmes restauratifs bretons : pourquoi ne pas envisager une petite rencontre en marge de l'institution, par exemple à la rentrée prochaine, aux possibles bénéfices mutuels ?

(...)

Amicalement et attentivement

Amans

www.lesuperflux.fr / www.murmuredesforets.fr / 07 48 10 98 18

* Je propose ces dénominations "Justice Restaurative Institutionnelle" et "Systèmes et Cercles de Justice Restaurative ou Régénérative" par souci de clarté et de reconnaissance (même si ces seconds sont aussi instituants évidemment, leurs institutions ne sont pas centralisées comme le sont l'état et le ministère de la Justice - par ailleurs le fait de rajouter le qualificatif "institutionnelle" à la JR que vous pratiquez permettrait, comme ce fut le cas naguère pour la psychiatrie par exemple, de porter une attention aux fonctionnements de l'institution, ce qui me semble indispensable, et plus juste aussi d'un point de vue politique de le nommer, c'est-à-dire d'avancer sinon à visage découvert, du moins en conscience)

Le 05/05/2023 à 20:34 :

Bonjour, 

Tout d'abord nous tenions à vous remercier de votre proposition. 

Nous en avons discuté au sein du pôle qui organise l'animation ainsi qu'avec l'intervenante. Nous craignons que les spectateurs ne mélangent les 2 propositions s'il y a une co-intervention.

Nous avons donc décidé de nous en tenir à notre proposition de départ à savoir l'intervention de l'AIS35.

Nous pourrons vous accueillir à la séance et la discussion en tant que spectateur. 

Merci de votre compréhension,

Cordialement,

J'ai respecté l'anonymat des personnes qui n'ont pas donné leur consentement pour être nommées dans ce fil (ya du flou sur les netiquettes...) mais par souci de de clarté je précise que je suis allé bien sûr à la rencontre de la dame à la fin, pour lui proposer qu'on se recontacte... mais elle n'a que 5% de son temps de travail alloué à cette mission (!) et donc peu de temps pour réseauter. Ça en dit un peu, ça aussi, sur les moyens réels... circonscrits soigneusement, semble-t-il.

Je lui ai quand même passé ma carte en disant "ne serait-ce qu'une connexion rapide peut déjà servir, peut-être", elle m'a dit qu'elle avait déjà mon contact. J'ai répondu que ce n'était pas réciproque. Minuit approchait, nous nous sommes salué-e-s... cordialement.

(ça y est j'ai vu les autres commentaires à ton post Dieudo, yavait bel et bien eu un bug)

Je rajoute une ressource sur le même fil : interview de la réal par le gars du podcast Mansplaning https://www.youtube.com/watch?v=WyNc6I7XKxM

Sur la question lexicale, j'ouvre un nouveau fil parce que ça dépasse finalement le cadre de celui-ci...