Framavox

# Sur le que faire- notre collectif et son rôle dans le mouvement

M maurizio Public Seen by 145

Chères et chers,
Nous devons préparer les réponses du collectif aux questions posées par l’AdA de Montceau-les-Mines.
Elles portent fondamentalement sur le « quoi faire » pour consolider, poursuivre et développer le mouvement dans les mois à venir.
Il aurait été bien d’avoir le temps pour en discuter longuement et collectivement avec l’AG du collectif, mardi prochain. Mais puisque, pour maintes raisons, nous sommes encore une fois en retard, je vous envoie déjà quelques réflexions en vrac pour provoquer un début de discussion qu’on pourra poursuivre tranquillement plus tard.

Tout d'abord trois constats qui me semblent s’imposer si on réfléchit sur le statut de notre collectif et des groupes de GJ à mes yeux plus significatifs.

Le premier constat, est que l’ADN de notre collectif est avant tout marqué par son être à la fois national et local. Nous le savions depuis le début. Mais les données sur les signatures de notre dernière tribune le montrent plus que clairement. Dans une première étude de ces données, Bertand a analysé la progression temporelle des signatures par rapport à leur distribution spatiale : https://hackmd.iscpif.fr/J9zGwObGS7KvWhgpBiQMjg.
Comme on peut voir, on observe deux groupes de signataires : un premier groupe d’un peu plus de 4000 personnes qui ont réagi immédiatement à l’appel en déposant leurs signatures au cours du dimanche 5 mai et un deuxième groupe, beaucoup plus important, qui signe après la publication du film du Media-TV. Nous sommes en train de traiter les professions déclarées par les signataires. Mais il est clair déjà que dans le premier groupe nous avons une très grande majorité de personnes, actives ou retraitées, travaillant dans l’éducation et la recherche. Tandis que, dans le deuxième groupe, on observe un important élargissement de l’éventail d’activités et des situations sociales.
On a très clairement le groupe des profs et celui des gilets jaunes. C’est banal. Mais, ce qui est intéressant est que la distribution spatiale est exactement la même pour les deux groupes. Dès le départ, le premier groupe n’est absolument pas confiné à l’espace parisien et de l’île de France mais il se déploie sur l’ensemble du territoire.

J’en lis donc une confirmation forte de celle qui a été d’ailleurs l’expérience du fonctionnement du groupe. Le fait que nous avons échangé et travaillé avec Driss qui habite à Marseille, Laurent à Besançon, Claude près de Montceau-les-Mines, Florence à Genève, Marie-Thérèse à Lyon, Willy dans l’Oise, puis encore Olivier qui nous parle de Mulhouse…
C’est notre spécificité et c’est ce qui pourrait constituer aussi notre force.

Le deuxième constat tient à la nature particulière de notre inscription dans l’environnement « de l’enseignement et la recherche » qui ressort à partir des échanges déployés au cours des cinq derniers mois à l’intérieur du groupe.
A ce niveau, je crois qu’on peut dire que nous partageons tou.te.s une même vision critique vis-à-vis d’un système d’éducation fondé sur la seule exigence de reproduire non seulement des formes de domination sociale mais aussi de les inscrire à l’intérieur d’un modèle de pensée totalement assujetti à la mythologie du verbe néolibéral. Mais je crois aussi que nous observons les apories d’un modèle de connaissance abstrait, totalement éloigné du réel et du savoir porté par l’expérience concrète de l’ensemble de celles et ceux qui partagent la vie d’une société.

Un troisième et dernier constat est relatif à l’ADN du mouvement des Gilets Jaunes et à la nature de sa résilience. A ce niveau, je pense que nous pouvons être tou.te.s d’accord sur le fait que dans l’ADN des GJ n’importe quel généticien trouverait avant tout la présence des gènes de l’horizontalité et de l’inscription locale. La force du mouvement a été —et je crois qu’elle réside encore— dans sa capacité de réintroduire et réinventer la parole dans les mailles des tissus locaux. Je ne vais pas revenir ici sur ces aspects. Nous les connaissons bien. Mais laissez-moi redire combien les ronds-points ont été un moment fondamental dans le retour d’une prise de parole collective et la naissance d’une réflexion sur la nature de nos sociétés et sur la signification de la démocratie.
Ce retour du dialogue et de la parole pour nommer les expériences individuelles et les reconnaitre comme sociales a été fondamental. Mais a été fondamental aussi le fait que, dans des nombreux cas, ce retour a presque immédiatement induit le développement de pratiques de partage, d’aide mutuel ainsi que l’ouverture de multiples projets d’organisations alternatives dans la gestion de l’espace local. Dans les ronds-points et à partir des AG ont été échangées des expériences mais aussi des biens concrets, ou encore des informations précieuses pour résoudre un problème ou pour trouver du travail… Dans plusieurs cas l’intervention des GJ a permis d’appuyer et faire connaitre les grèves et les manifestations des couches salariales les plus exploitées.

Je viens maintenant aux propositions que le collectif pourrait porter à l’AdA en se fondant sur ces constats.

Si nous tenons à l’esprit ces trois dimensions, je pense qu’une première contribution que le collectif pourrait apporter au mouvement pourrait être de mobiliser notre réseau national autour d’une série d’activités visant à accompagner et favoriser le développement d’un large espace d’alternatives concrètes aux structures du monde néolibéral.

En premier lieu, je pense qu’il serait possible et souhaitable d’imaginer de bâtir une Université Populaire dans laquelle les universitaires fourniraient les salles et les gilets jaunes dispenseraient les cours.
J’essaye de m’expliquer :
Je viens d’opposer les connaissances abstraites de l’éducation nationale au concept de savoir, de connaissance concrète. Car il me semble que le problème est donné par le clivage, de plus en plus béant, entre un système d’enseignement programmé pour reproduire des pratiques qui nous étranglent et l’expérience vécue de la grande majorité de la population. Des « experts » nous parlent économie, stratégies de croissance et de contrôle des dépenses publiques… Mais tous les travailleurs savent, très concrètement, quel est le fonctionnement réel d’une économie qui retranche la plus grande partie de la valeur de leur travail pour la transférer vers les dividendes des actionnaires. Et celles et ceux qui travaillent la terre savent combien les différentes pratiques de gestion du territoire imposées depuis plusieurs décennies par des lobbies et des groupes puissants sont contraires à la nature même de l’environnement.
Or je crois que c’est bien l’expérience vécue qui forme et marque le savoir d’un individu, d’un groupe, une population.
Je pense donc qu’il serait juste et possible de proposer aux collègues qui travaillent dans l’enseignement, d’organiser, dans leurs écoles, lycées et universités des cours dans lesquels des artisans, des paysans, des maraîchers, des forestiers des retraités, chômeurs, des informaticiens, etc., nous montreraient, à partir de leurs expériences concrètes, comment fonctionne réellement un système d’usine, une plateforme de distribution, la gestion du territoire, la gestion de la santé publique, l’approvisionnement des villes, l’économie, l’agriculture biologique mais aussi l’impact de l’agriculture intensive…
Ces cours pourraient être enregistrés en constituant une base des connaissances concrètes sur les pratiques et les fonctionnements réels de la société.

La mise en place d’un tel projet pourrait aussi fournir un deuxième axe d’action pour le collectif fondé sur la tentative d’aider au renforcement de l’enracinement des groupes de GJ dans les mailles du tissu local d’un quartier, un village, un territoire. Puisque les formes de savoir pratique récoltées seraient aussi nécessairement marquées par les différents contextes territoriaux, elles permettraient de développer des liens en mesure de connecter de manière novatrice et alternative diverses ressources locales. Dans le cas de l’Île de France, par exemple, je pense qu’il serait utile d’apprendre par les maraîchers de la plaine de Gonesse, menacés par le désastreux projet d’Europa City, les pressions et les enjeux qui pèsent sur leur travail tout en voyant avec eux s’il y aurait la possibilité d’organiser avec les différents groupes de GJ, des ventes directes et à bon marché des leurs produits. De même, on pourrait envisager des activités analogues avec les GJ de Rungis qui pourraient parler de leur expérience du complexe système d’approvisionnement alimentaire de la métropole parisienne. Et on pourrait imaginer bien d’autres dimensions sur lesquelles construire des connexions entre savoirs pratiques et ressources sociales : sur la connaissance du monde du droit, de la banque et du système monétaire, de l’informatique, etc.

Enfin, une dernière suggestion sur le rôle que le collectif pourrait jouer pour aider à consolider et développer le mouvement dans les mois à venir. Je me dis que nous pourrions consolider les mailles du réseau noué au cours de premiers mois d’activité pour les mettre au service du mouvement afin d’œuvrer pour une convergence massive et réelle entre les différents groupes de GJ et les autres organismes militants.
Dans cette optique je crois que des projets comme celui proposé par Christian Topalov appelant à « une manifestation contre toutes les violences d’Etat avec tous les groupes et organisations qui le voudront » pourraient devenir des points importants d’agrégation s’ils étaient conçus comme des rassemblements de niveau national et longuement préparés.
Plus espacés des actuels actes hebdomadaires, ils devraient viser à réunir des masses très importantes de manifestants, plus difficiles à ignorer par le pouvoir et les médias traditionnels.

A

Audejean Mon 17 Jun 2019 4:57PM

Savoir de l’expérience, savoir abstrait, transmission du savoir, transmission du désir d’apprendre, ou auto-autorisation à constituer un savoir à partir de son expérience propre, de son propre savoir acquis en famille, à l’école, à la bibliothèque, en voyage, etc., autant de « catégories » qui posent en effet la question de savoir quel pourrait être notre rôle ou notre posture vis à vis de l’une ou plusieurs de ces catégories, étant donné notre statut professionnel, notre savoir, notre localisation.
S’agit-il de quitter l’université et les grandes villes pour aller à la rencontre des Gilets Jaunes des zones péri-urbaines et rurales qui pourraient bénéficier de notre savoir ou de notre expérience, sans faire montre d’une position de surplomb ? Il me semble que non. Sommes-nous des Gilets jaunes ou soutenons-nous les Gilets jaunes ?
Quoiqu’il en soit, si nous souhaitons agir en dehors de l’université, il s’agirait de faire état de notre envie - à quels interlocuteurs ?-, pour leur demander si notre expérience et notre savoir leur semblent éventuellement utiles, et comment et pourquoi faire. C’est alors que nous pourrions commencer à travailler ensemble sur des programmes que nous ne connaissons pas encore et dont la forme sera à trouver ensemble.
En tant qu’auteure et animatrice d’ateliers d’écriture durant une quinzaine d’années, et en tant qu’enseignante, j’ai travaillé avec des institutions commanditaires, telles que l’éducation nationale, la Maison des écrivains, différentes associations de lutte contre l’illettrisme et autres, différentes communes, régions, etc. Les questions que le texte de départ de Maurizio posent, ainsi que les textes qui ont suivi, ont à voir avec celles que je me pose avec l’émergence du mouvement des Gilets Jaunes. Suis-je Gilet Jaune là où j’habite à Paris et, continuant mes activités habituelles, je m’engagerais dans des luttes locales me concernant et/ou concernant le groupe des Gilets Jaunes Paris Sud dont je fais partie ? Ou bien, et cela peut être mené en parallèle avec la proposition précédente, je change de place : je n’ai plus de commanditaire pour animer des ateliers d’écriture ici, là ou ailleurs, mais je lance un appel à des Gilets Jaunes pour leur demander s’ils veulent bien travailler avec moi, s’ils veulent bien que je travaille avec eux, et où et comment ?
J’ajoute ces questions aux réflexions et questions posées par la discussion ci-dessus, et je serai vendredi prochain à 18 heures à la réunion Boulevard Raspail.

M

Marité Tue 18 Jun 2019 3:31PM

Il m'est arrivé hier quelque chose qui m'a fait penser à nos discussions sur l'encyclopédie nouvelle, savoirs concrets/savoirs abstraits, et à 3 de mes lectures La nuit des prolétaires de Rancière, la découverte de la théorie ancrée (grounded Theory) d'Anselm Strauss ou encore de Savoir local, savoir global de Clifford Geertz.

Je vous raconte. Je rédige avec Sylvie Monchatre pour le site lyonnais Printemps jaune des textes de 4500 signes à partir d'entretiens avec des figures de gilets jaunes autour grosso modo de 3 questions : leur entrée dans le mouvement, les raisons de leur engagement, et ce qu'est pour eux être gilets jaunes. Ces textes accompagnent des photos de dos de gilets jaunes. Hier je profitais de l'assemblée populaire hebdomadaire pour m'entretenir avec une cheminote cadre de 34 ans. Les cheminots sont un petit groupe repérable et repéré de 4-5 personnes a venir chaque semaine, ils se sont connus l'an passé à l'occasion de la grève des cheminots et ont des profils différents, du manoeuvrier à la cadre des bureaux.

Cette jeune femme m'a alors raconté pourquoi elle était entrée à la SNF il y a 10 ans à l'âge de 24 ans et comment elle avait vu son entreprise échouer et son métier se transformer. Elle travaille dans le Fret international de marchandises et m'expliquait concrètement comment son travail s'était transformé avec l'ouverture à la concurrence et l'absence totale d'harmonisation des règles et des normes pour conclure sans que je l'y invite sur l'incompatibilité de notions telles que la coopération, essentielle dans son métier, et la concurrence. Nous avons également discuté de la grève et des gilets jaunes et comment en regardant les pancartes lors des manifs sa perception des revendications des gilets jaunes et de leur profondeur a évolué.

Tout ça pour dire quoi ? Que la question n'est pas d'opposer savoirs concrets et savoirs abstraits mais plutôt de se demander par quels processus et opérations élaborons nous nos catégories et construisons nous nos théories, sur quoi sont elles fondées. Et c'est pour ça que je parle de ce livre d'Anselm Strauss sur La théorie ancrée ou que je re-pense au Savoir local-savoir global de C. Geertz.

Ensuite comme souvent nous sommes allés boire une bière et manger des pizzas au bar QG des gilets jaunes après l'assemblée. Les 4 cheminots se sont joints au groupe. Le manoeuvrier, un géant de 2 mètres de haut d'au moins 100kg, est arrivé avec le monde diplomatique à l'intérieur duquel il avait glissé aussi Fluide glacial "pour se divertir entre la lecture de 2 articles". Il y avait la jeune cadre antillaise, et un autre cheminot qui s'occupe de tous les ratés de la SNCF et qui est un volant. Il nous a expliqué qu'il est rentré à la SNCF après avoir essayé l'agrégation de philo et que grâce aux transports encore gratuits pour les salariés de la SNCF il fait le tour de la France des ronds-points avec des collègues. Et hier soir, il parlait des ronds-points d'Amiens, de leur organisation, de leur charte et du fait que son collègue emballé avait demandé à la SNCF sa mutation pour Amiens afin de les rejoindre. Ensuite les 3 ont fait un retour réflexif à voix haute sur ce qu'ils retenaient et observaient du mouvement pour en arriver à livrer à tous les présents leur conclusion "la résilience de ce mouvement est proprement incroyable" selon leurs termes à propos des nombreux conflits qui traversent les assemblées mais qui de leur avis ne parviennent pas à tuer le mouvement. Et ce moment m'a fait penser à La nuit des prolétaires et à l'encyclopédie nouvelle que Maurizio évoque.

P

Pourcher Tue 18 Jun 2019 11:43PM

Une très modeste réflexion au sujet de la réponse de Laurence
Pourquoi introduire une notion de supériorité? L’expérience a été absente de l’enseignement (ou presque, car certains professeurs louables lui ont fait une place). n’est il pas juste de lui redonner une place, en tant que telle :le savoir pratique en découle ou en est inspiré. Elle incite à la réflexion, la compréhension, puis éventuellement à la théorisation (savoir abstrait) . Elle nous enseigne, qu’elle soit nôtre ou d’autres. La théorisation s’enrichit de l’expérience et ne tourne pas dans le vide. Je pense que même l’expérience de la destruction est riche de réflexion et d’enseignement. De plus, elle est universelle:le savoir, hélas, non.
Je suis d’accord qu’il faut beaucoup s’investir sur la réforme structurelle et institutionnelle.
Ce système est un rouleau compresseur des libertés, de l’égalité et du respect des êtres vivants et de la planète. Cela n’empêche aucunement les engagements individuels qui, s’ils se généralisent, forcent aussi les changements.
Quand au local ,là, c’est le lieu de vie, des échanges, projets, collaborations dans un rayon permettant de les cultiver. Il me semble que l’ESR tout d’abord y œuvre, y est représentée, et ensuite peut avoir un rôle à jouer dans la coordination, les propositions, voire même dans le lancement de projets comme celà se fait déjà, par exemple à Lyon.

R

Riot-Sarcey Thu 20 Jun 2019 5:16PM

Permettez-moi de revenir sur les discussions antérieures en complétant les propositions précédentes notamment celle de Maurizio.
En tant qu'enseignants chercheurs, mais aussi en tant qu'intellectuel.es dont je revendique les attributs d'origine et les qualités, incontestablement différentes de celles des universitaires –lesquels sont trop souvent identifiés à des experts ou au mieux à des spécialistes de leur discipline. Mais intellectuels au sens partagé avec Christophe, gj de Montpellier, soit la même signification qui fut donnée aux signataires des 121 au moment de la guerre d'Algérie. À savoir : un collectif de personnes, pensantes et agissantes, susceptibles d'intervenir sur des questions qui concernent le monde tel qu'il est, tel qu'il va et tel qu'il ne devrait pas être ! Nous venons de vivre un événement inouï, inattendus, si complexe que rares sont ceux ou celles capables de rassembler l'ensemble des expériences, de rendre compte de la diversité des espoirs comme des déceptions, de faire entendre toutes les pratiques. Il nous faut plus que jamais faire état publiquement et largement de ces élaborations, de ces expériences dont nous avons eu un aperçu lors de notre débat sur la démocratie réelle. Des apprentissages novateurs, des perspectives concrètes, d'alternative possible. Dans nos universités et dans bien d'autres lieux, il serait plus que jamais nécessaire de mettre à l'épreuve des expériences des gilets jaunes, tous les savoirs établis. Mettre en cause par exemple ce que l'on nomme démocratie représentative, pouvoir représentatif, souveraineté populaire etc.
Aussi j'opte bien volontiers pour l'organisation d'une université populaire où tous nos savoirs reçus, toutes nos connaissances acquises seraient remises en discussion à la faveur de récits d'expériences sur les territoires et de propositions de gilets jaunes. En d'autres termes, une université de partages des savoirs susceptibles d'élaborer collectivement une critique de l'ordre existant mais aussi en capacité de construire, même en pointillé, une alternative vers une société autre. Un réel de l'utopie renouvelée…
Les délégués à Montceau pourraient peut-être s'en faire l'écho. Je ne pourrai participer à la réunion parisienne consacrée à ce sujet étant en partance pour l'autre continent …… Bonne soirée à vous. Michèle

DU

Dominique PATUREL Thu 8 Aug 2019 5:32PM

Bonjour
Je m'arrime à une discussion qui date de deux mois mais je n'avais pas encore fait le pas de rejoindre ce framavox. Chercheuse sur Montpellier, les discussions sont souvent centrées sur les actions parisiennes et ce malgré les interventions des uns et des autres dans d'autres villes. Je suis sur un rond point toujours actif au nord de Montpellier et ce depuis début décembre. La raison pour laquelle j'y suis est bien évidemment sur le fait de participer à ce mouvement mais aussi en cohérence avec mon éthique professionnelle: à savoir chercheuse en sciences sociales de la recherche publique. Je constate, que nous sommes peu nombreux sur ces ronds points et probablement aussi pour la première fois depuis 1970. Je travaille sur l'alimentation comme objet politique et les enjeux démocratiques qui en découlent. Depuis mon arrivée sur le rond point j'essaie de proposer ce que j'appelle la socialisation de nos connaissances sur les systèmes alimentaires durables: sans trop de succès. Alors effectivement ma proposition passe par des savoirs empiriques et de regarder comment ils s'inscrivent dans des filiations historiques concernant l'histoire politique de l'alimentation. J'insiste sur le fait que réfléchir ensemble à ce dont nous avons besoin comme être humain est profondément politique et l'alimentation est un exemple fabuleux. C'est un peu difficile que ce soit sur le rond point ou dans le milieu académique de faire entendre cela car nous sommes essentiellement des femmes et que ces expériences sont encore beaucoup dans l'espace domestique. Bref, depuis un mois ma proposition est entendue et se pose maintenant la question concrète de cette socialisation de nos connaissances. Alors je ne l'appelle pas Université mais Ecole populaire et j'espère que nous allons avancer et que je vais aussi pouvoir y intéresser mes collègues chercheurs: petits pas, certes mais cela avance. Je ne suis pas prof et croyez moi je sais faire la différence entre faire de la recherche et enseigner.Je suis donc intéressé à avancer sur une telle démarche avec vous tous. Bien cordialement. Dominique