Un élément de programme qui me semble majeur
Lors de la réunion de jeudi dernier, a été à nouveau abordé le sujet des mairies d'arrondissements (mairies de secteurs pour Marseille). Quelqu'un a émis l'idée de considérer chaque mairie de secteur (en attendant les mairies d'arrondissements) comme étant sur un pied d'égalité par rapport à chacune des autres municipalités de la Métropole (de Plan de Cuques à Salon). Elles auraient les mêmes prérogatives et le même fonctionnement => exit la mairie centrale, qui de toutes les façons ne sert plus à grand chose face à l'organisation métropolitaine. 1 841 000 habitants dans la métropole et 91 000 dans le seul 13ème arrondissement de Marseille, ça interpelle!
Je pense que ce concept de ramener le "pouvoir" au niveau plus proche des habitants en séduira plus d'un.
Qu'en pensez-vous?
Reste à savoir si légalement, on peut se passer d'une mairie centrale ;-)
didier Sun 17 Mar 2019 8:54AM
Exit la mairie centrale : oui. Les chiffres que tu donnes Philippe interpellent, c'est vrai. Ils appellent un rééquilibrage de l'organisation territoriale des arrondissements. Sachant ce que peut impliquer un tel objectif dans des domaines très différents voire antinomiques : politique, sociaux, économiques, communications (des rails aux médias). Sacré boulot mais indispensable pour faire cesser ce satané fonctionnement vertical de notre société. dib
Olivia Fortin Mad Mars Wed 27 Mar 2019 7:39PM
La mairie centrale ne peut pas, à mon sens, être "supprimée", et je ne suis pas convaincue de la pertinence de cette idée, pourtant clivante à souhait ;-). D'abord de façon bassement matérielle pour l'économie d'échelle : des services centralisés et non pas démultipliés permettent une économie. S'il fallait une DRH, un service des marchés, un service communication ... par arrondissement, on exploserait les couts. Ensuite pour la cohérence de la gestion de la ville, qui reste, comme dirait Jean Claude ;-), "une et indivisible", qui nécessite une vision globale autant que sectorielle. Si chacun des maires de secteur actuels (de Ravier à Ghali en passant par Gilles ...) avait les pleins pouvoirs sur son arrondissement, on serait en face d'un sacré probleme de coordination générale.
En revanche, bien d'accord sur la nécessité de réinterroger le rôle des mairies de secteur pour redéfinir un rôle à chacun.
GERARD PERRIER Wed 27 Mar 2019 7:53PM
Les compétences stricto sensu de la mairie centrale seront
fortement réduites au profit de la métropole.. en tenir compte !
Gérard Perrier
Le 27/03/2019 à 20:39, Olivia Fortin
Mad Mars (Framavox) a écrit :
GERARD PERRIER Sun 31 Mar 2019 6:25AM
Spécialiste des questions de
pauvreté, l'économiste Philippe Langevin interroge
les inégalités de la ville. Pour lui, les écarts
sont tels qu'ils interrogent l'existence même de
la ville comme entité, souvent présentée comme une
et indivisible.
On peut établir des tableaux et des
moyennes, faire de belles cartes et des photos
magnifiques, présenter Marseille comme une ville
cosmopolite où se croisent toutes les cultures du
monde, la réalité est moins favorable. En fait le
niveau des inégalités de toute nature qui
caractérisent une cité plus célèbre par ses
règlements de compte que connue par son potentiel
scientifique interroge sur sa réalité même.
En termes de revenus médian, les 16
arrondissements opposent les parties riches (7e, 9e,
12e) ou même très riches (8e) aux espaces les plus
pauvres ( 1e, 2e, 14e, 15e) ou même très pauvres
(3°). Les habitants des 1e, 2e, 3e, 14e et 15e du
premier décile (les 10% les plus pauvres) ont un
revenu déclaré égal à 0. Ils ne vivent que des
transferts sociaux. Mais 4 000 ménages sont imposés
sur la fortune.
Tombé du camion
Celle des quatre premiers Marseillais
les plus riches est équivalente au budget de la
ville. Le taux de pauvreté varie de 11,5% dans le 8e
à 51,2% dans le 3e. Au-delà des questions de
revenus, les déséquilibres entre différentes parties
de la cité s’expriment sur d’autres réalités. Les
logements sociaux sont concentrés dans les quartiers
nord. L’habitat dégradé et insalubre est celui du
centre-ville. Les commerces de détail disparaissent
au cœur des quartiers que l’on dit sensibles. Les
services publics s’éloignent doucement des habitants
qui en ont le plus besoin.
On ne compte plus les fermetures des
bureaux de poste ou de cabinets médicaux. L’école
maternelle et primaire reste le dernier rempart de
la République dans le centre et le nord de la ville.
D’un côté, la rareté de l’emploi génère une économie
de bazar entre petits boulots, “tombé du camion”,
travail au noir et trafic de drogue. De l’autre, des
ingénieurs qualifiés et des entrepreneurs de talent,
qui ne fréquentent pas le marché aux puces,
construisent le Marseille de la compétitivité.
L’accès au logement social est très difficile. Non
seulement l’offre est très insuffisante (le délai
moyen d’attente est de 8 ans !), mais elle est très
inégalement répartie sur le territoire Marseillais.
Le taux de logements sociaux est de 3,4% dans le 6°
arrondissement et de 38,1% dans le 15e. Se développe
dès lors, notamment au centre ville un logement
social de fait, souvent insalubre et toujours
onéreux, dont les évènements récents ont montré la
dangerosité.
Des écarts de conditions de vie de 1
à 50
Ces déséquilibres deviennent
invraisemblables au niveau des 111 quartiers qui
composent Marseille. L’information statistique fait
défaut. Mais quelques travaux universitaires
démontrent que les écarts de conditions de vie sont
de 1 à 50 !
Pour leurs habitants, les Hauts de
Périer ou le Roucas-Blanc ne semblent pas appartenir
à la même ville que la Belle de Mai ou Saint-
Joseph. Les villas de la Corniche n’ont rien à
envier à celles de la Côte d’Azur, les grands
ensembles de la Castellane ou de la Savine
rappellent les conditions de vie d’un autre âge. Ces
territoires ne communiquent pas. Les classes
favorisées font sécession. Elles se renferment dans
des résidences de luxe de Saint-Giniez ou de
Sainte-Anne, fréquentent les mêmes lieux, partagent
les mêmes valeurs, ignorent le reste de la ville. Un
grand nombre de cadres qui travaillent à Marseille
habitent dans les villages tranquilles du pays d’Aix
ou de la Côte Bleue. Ils ne vont jamais à la
rencontre du Marseille paupérisé dont ils ne
soupçonnent même pas la grande détresse.
D’un autre côté, les classes
populaires s’organisent comme elles le peuvent sans
même imaginer comment on vit dans les quartiers
chics qu’elles ne fréquentent pas. Le mythe de la
rencontre de tous au stade vélodrome ne résiste pas
à l’analyse. Chaque tribune a sa propre clientèle.
La référence à une ville d’accueil de population en
danger, bienveillante et solidaire, est un mensonge
effronté. Demandez aux Roms ou aux migrants ce
qu’ils en pensent.
Marseille va mieux que les
Marseillais
Pour autant, si Marseille va mieux
que les Marseillais, c’est par les grandes
opérations d’urbanisme qui ont profondément
bouleversé certaines parties de la ville, toujours
les mêmes d’ailleurs. Les équipements du front de
mer, Euroméditerranée, le MUCEM, les tours CMA-CGM
et la Marseillaise sont évidemment de qualité. Mais
les emplois créés ou hébergés ne sont pas
accessibles aux demandeurs de ces quartiers qui
n’ont ni la qualification ni la mobilité pour
pouvoir y prétendre. Les programmes de logements
neufs ne leur sont pas destinés. Se côtoient alors
le talent et la richesse avec le chômage et la
précarité à quelques mètres des uns des autres. Il
n’y a plus d’effets d’entrainement des quartiers
favorisés sur les autres. Marseille est une ville
archipel ou des îlots de réussites se déploient dans
des milieux de précarité et des ilots de précarité
dans des îlots de réussite.
En matière économique, l’innovation
est souvent présentée comme la réponse aux défis de
notre temps. Mais elle est généralement assimilée au
redéploiement du numérique, au développement des
starts-up et à l’intégration des entreprises dans
des réseaux de performances par toute sorte de
systèmes informatiques. Si on observe le succès des
espaces de co-working, des makers
et des fabs labs (il faut parler anglais
pour se faire comprendre), notamment dans le
centre-ville, leur impact sur le marché du travail
est insignifiant. Le numérique ne construit pas une
société intégrative.
La smart city n’aime pas les pauvres
Ces jeunes ingénieurs de talent ne
sont pas des entrepreneurs. Non seulement la
majorité des starts-up ne franchissent pas le cap de
leur première année, mais peu d’entre elles
grandissent. Les pôles de compétitivité écartent par
définition les actifs qui ne le sont pas. Ce sont
les plus nombreux. La smart city n’aime
pas les pauvres. Et le sous-emploi perdure. Entre
2010 et 2015, l’emploi au lieu de travail n’a pas
augmenté. Son taux de croissance annuel moyen est de
0%. Le taux de chômage au sens du recensement des
15-64 ans est de 18,5%, le taux d’activité de 66,9%,
un des plus faibles des grandes villes françaises.
Le taux de pauvreté est de 26,5% ; et bien plus
élevé si on prend en compte les ménages légèrement
au dessus de ce seuil. La pauvreté invisible est
bien plus forte que la pauvreté visible. La question
posée est celle du destin des non compétitifs.
L’immense potentiel de recherche des grands
établissements publics et de l’université, ne
bénéficie en rien aux habitants de la ville. La
recherche est hors sol.
C’est sans doute pourquoi la
politique de la ville et davantage encore celle de
la rénovation urbaine n’ont pas réussi, malgré des
investissements considérables, à renverser
durablement la situation sociale des habitants de
quartiers qui restent enfermés dans la précarité.
Certes, la politique de la ville a permis au secteur
associatif de conduire des actions intéressantes en
matière de culture, d’activités sportives, de
sécurité ou d’accompagnement à l’emploi sur les
périmètres invraisemblables définis par la loi Lamy
au sein de taches urbaines qui n’ont pas beaucoup de
sens. La rénovation urbaine a mobilisé plus d’un
milliard d’euros, des aménageurs et des architectes
“pour reconquérir les quartiers à la ville”. Ces
actions, importantes et souvent conduites depuis
longtemps, ne sont pas secondaires. Les 17
opérations de rénovation urbaine ont modelé des
quartiers de misère par des démolitions et de
construction de logements sociaux, l’amélioration de
l’offre de services, la modernisation de la voirie,
l’insertion d’une jeunesse désorientée sans pour
autant pouvoir ressouder le Marseille d’en haut avec
le Marseille d’en bas.
Ville coloniale sans colonie
Il faut alors se rendre à une
évidence. Marseille n’existe plus. Ville ouvrière
sans ouvriers, ville coloniale sans colonie, ville
portuaire alors que l’essentiel du trafic lui
échappe au bénéfice de Fos-sur-mer, sans projet
collectif à même de la reconstruire, Marseille est
devenue un ensemble de quartiers qui ne se
connaissent pas, d’habitants qui ne se fréquentent
pas, d’ingénieurs venus d’ailleurs et d’aménageurs
du territoire et déménageurs de leurs populations.
Les tableaux de l’INSEE ne font
qu’additionner des situations qui ne sont pas
comparables sur des totaux arithmétiques sans
réalité sociale. Quand les écarts-type des
indicateurs de développement sont au niveau de ceux
calculés ici, les moyennes n’ont plus aucune
signification. Les livres de photos sur Marseille
sont bien plus nombreux que les analyses économiques
ou sociales. La réalité de la ville n’est pas celle
de son image.
Tout n’est pas de la faute de
Marseille dans une société d’individus dont
l’aspiration au bonheur individuel ignore
superbement le sens des engagements collectifs. Mais
dans cette ville du verbe où on ne se parle pas, la
valorisation des succès ne devrait pas occulter
l’augmentation de la misère. Car la situation ne
s’améliore pas. Le taux de pauvreté continue son
irrésistible progression dans l’indifférence
générale. Si finalement, la situation de la ville
n’est pas celle de beaucoup de capitales africaines,
ce n’est pas l’augmentation du nombre de
croisiéristes ou de petites entreprises innovantes
qui l’explique. C’est le résultat de l’implication
d’une société civile qui ne se retrouve plus dans
une classe politique usée jusqu’à la corde incapable
de se renouveler. Le secteur associatif reste
puissant, malgré le retrait général des aides
publiques. Dans tous les champs de la vie sociale,
et notamment dans le combat contre la pauvreté, les
associations apportent leur accompagnement et leur
regard. Les entreprises participent activement à la
reconstruction de la ville. Les Eglises y ont aussi
toute leur part.
On aurait aimé croire que la mise en
place laborieuse de la métropole
d’Aix-Marseille-Provence, en restituant la ville par
rapport aux autres villes qui l’entourent autour
d’un projet commun, participe activement à sa
reconstruction. Pour l’instant, il n’en a rien été.
Bien au contraire, la plupart des 91 maires
concernés et notamment ceux d’Aix-en-Provence,
Aubagne et Martigues ne cessent de s’opposer à toute
forme de partage et relèguent encore davantage
Marseille, déclarée responsable de tous les maux de
la terre, à leur périphérie. C’est un comble.
En conclusion, Marseille n’existe
plus comme entité visible et lisible pour affronter
les défis de notre temps. De plus en plus segmentée,
morcelée, précarisée, la ville navigue à vue sans
parvenir à rebondir. Cet ensemble de quartiers ne
fait pas une ville. Les marseillais seront le ciment
de sa reconstruction s’ils arrivent à donner un
contenu à la solidarité et un sens à la fraternité.
Philippe Langevin est le
président de l’association régionale pour le
développement local. Ancien universitaire, il
est aussi l’auteur d’un rapport sur la pauvreté
à Marseille pour le secrétariat
social de Marseille ( https://secretariatsocialccr.org/ ), centre de réflexion
chrétien.
Garanti sans virus. www.avast.com ( https://www.avast.com/sig-email?utm_medium=email&utm_source=link&utm_campaign=sig-email&utm_content=emailclient )
( #DAB4FAD8-2DD7-40BB-A1B8-4E2AA1F9FDF2 )
Philippe Buffard Thu 28 Mar 2019 6:33AM
Merci Olivia, d'avoir enfin réagi à mon propos!
Certes ma proposition est un peu radicale mais va dans le sens d'une mairie centrale moins omniprésente, sujet qui fera certainement consensus chez nos concitoyens.
Il faut absolument qu'on mette sur pied, une proposition de fonctionnement qui tienne compte de cela.
La plupart des marseillais sont attachés à leur quartier et seule l'équipe de foot représente à leurs yeux l'unité territoriale marseillaise :-)
GERARD PERRIER · Sat 16 Mar 2019 7:49PM
Je suis d'accord avec toi et c'est pourquoi d'ailleurs j'ai écrit
sur les TABLES DE QUARTIER (voir mon doc d'hier ) .
Le 16/03/2019 à 18:21, Philippe Buffard
(Framavox) a écrit :