Comment faire participer celles et ceux qui ne le peuvent pas ?
eldino Tue 2 Jun 2020 7:02PM
On pourrait peut-être se réunir à la manière des cafés repaires sur un mode sociocratique. Une question ou un thème serait débattu disons pendant 15 jours (quelques membres se réunissent pour en parler) au commencement 2 membres de la réunion sont choisis pour rédiger des propositions ou les votes du groupe qui s'est réunis et les remonter sur un forum. Les 2 membres défendent les idées sur ce forum pendant semaine. Enfin à la fin le forum valide le thème et note les propositions qui ont été retenues. Les 2 membres redescendent les informations au groupe qui choisit 2 autres membres pour le prochaine thème...
On pourrait avoir ainsi l'avis de personnes isolées, de travailleurs, d'handicapée, de personne sans ordinateur...bref des invisibles.
Personnellement, je n'ai pas de soucis pour me faire entendre, hélas combien de fois j'ai pu constater que la personne la plus discrète, la plus timide ou tout simplement la plus respectueuse avait une idée qui méritait d'être écouté et entendue. Les cercles de paroles, la cnv (communication non violente) et la sociocratie permettent de mieux s'écouter les uns les autres.
Les réunions des groupe pourraient commencer par un tour pour connaitre en quelques mots l'état dans lequel les participants sont. Cela permet de prendre soin de celui qui, ce jour est fatigué, de tel autre qui est épuisé et enfin de celui-ci qui est speed et qui a besoin de souffler.
Ces réunions nous permettrais également de sortir de l'outil informatique qui est fabuleux mais également très énergivore et chronophage et qui ne fais que nous isoler un peu plus chaque jour. Les états ont démolis les syndicats et surtout toutes les fédérations, ont tout fait pour imposer la télé et les divertissement devant un écran plutôt que de passer une veillée au coin du feu, y a pas trop à chercher pourquoi.
"Un homme seul est un homme en danger"
Véro Tue 2 Jun 2020 7:57PM
Merci. Je pensais plutôt à une forme d'organisation qui laisse structurellement une place aux personnes empêchées d'agir par des contraintes matérielles - il ne s'agit pas seulement de questions psy (même si elles sont importantes) comme la "timidité". Agir par ailleurs n'est pas seulement parler et décider, mais aussi faire nombre et être sur le terrain. On en a tant besoin, et nombreux_ses sont celles.eux, il me semble, qui le ne peuvent pas. Les intégrer (et non les exclure de facto, ce que nous faisons tout le temps) est une véritable gageure mais il me semble, une question politique majeure du monde que nous voulons (enfin, que moi je veux en tout cas !)
Gicquel Wed 3 Jun 2020 4:45AM
Suite à diverse discussion avec des amis que j'aurait cru enthousiaste pour participer, il me semble que le traumatisme psychologique qu'a constitué la période de confinement est largement sous-estimé. Le télétravail a engendré une énorme pression pour "faire bonne figure" auprès de collègues tout aussi déprimé.
Les personnes en recherche d'emploi ont vécu une torture d'un autre genre : faire face à la solitude et au vide existentiel. Ajoutons à cela les problèmes matériels car pour des droits au chomage de 10 mois par ex. la durée du confinement leur impose de retrouver un emploi rapidement, de retourner à la normale au plus vite, alors qu'ils ne veulent plus du "normal".
Une amie s'est suicidé pendant le confinement, son compagnon n'a pas pu faire de deuil et je m'inquiète de sa manière de rationnaliser sans exprimer ses émotions.
Une amie à quitté son poste dans la fonction publique dans l'espoir de faire du dessin de presse.
Moi aussi je pense avoir perdu pied et m'être imposée une absurde censure émotionnelle. Je n'ai pas de problèmes financiers, je me suis engagé dans le bénévolat croix rouge dès que j'ai appris que c'était possible (je suis au chomage également et il était compliqué de faire de l'action sociale). Cela m'a permis de prendre la mesure "réelle" des situations, la distribution alimentaire permet de parler aux "bénéficiaires". Des mères isolées avec enfants à charge, des personnes agés seules, des familles ayant perdu les droits CAf et sans soutient...
Tout ces gens souriaient durant la distribution, discutient entre eux, au dela de la question alimentaire c'était la seule occasion d'échanger. Moi aussi j'étais de bonne humeur, je crois. Mais mon action bénévole me renvoie à la détresse, aux drames, à ma situation de privilégié par rapport à eux.
eldino Wed 3 Jun 2020 6:06AM
Véro, je pensais aux physiques comme aux psys. Tu pourrais développer "ils ne le peuvent pas"? et à quelles contraintes penses-tu?. Merci
Véro Wed 3 Jun 2020 6:19AM
Oui pardon, ce que je voulais dire est qu'il faudrait chercher un mode de fonctionnement qui permettrait non seulement d'écouter tout le monde ( /que tout le monde puisse s'exprimer/ être entendu.e) et qui permette aussi une prise concrète dans l'action pour des personnes concrètement non-disponibles (travailleur.ses, isolées, précaires, personnes isolées avec enfant à charge, mais aussi personnes "perdant pied" - ce sont souvent les mêmes- et qui n'ont ni temps ni énergie pour s'engager. Or on ne lutte pas seulement pour gagner, mais aussi (et peut-être surtout) pour survivre collectivement dans une dynamique qui permet de contrer le sentiment d'impuissance. Ne pas pouvoir aller dans la rue, manifester, débattre jusqu'à pas d'heure, etc. parce qu'on est seul avec un enfant par exemple produit un sentiment de frustration, d'impuissance et d'exclusion, et d'inutilité. Ajouter, sans doute, comme le dit Gicquel, les traumas psychosociaux liés au confinement et qui ont provoqué parfois de vastes remises en question. Je ne suis pas sûre d'être bien claire, mais je crois qu'il y a des choses à creuses là-dedans (qui iraient d'ailleurs sans doute aussi avec la question du validisme) et qu'elles sont urgentes. Pourquoi pas oui constituer un groupe de travail. Merci à vous !
eldino Wed 3 Jun 2020 7:21AM
merci beaucoup pour tes précisions. (désolé pour le tutoiement, c'est plus facile pour moi ;-) )
Tu a ajouté un point que je pense crucial. La lutte pour ne pas forcément gagner. Rien que d'essayer, je pense que l'on y gagne. On y croit et cela motive, entraîne les autres....
C'est important d'accepter la non réussite d'un but. En faisant une relecture et en prenant de la hauteur, souvent on s’aperçoit vite que cela à permis des rencontres, d'avoir fais un pas.... bref d'être sorti de sa zone de confort pour avancer.
Sur le site, un sondage est en train d'avoir lieu sur une carte géographique, ce sera peut-être l'occasion de mettre les rendez-vous? J'ajoute un commentaire sur ce sondage.
J'apprécie la bienveillance qu'il y a sur ce site, ça commence bien ;-)
Merci Véro pour tes précisions, merci Gicquel pour ton témoignage ou je me retrouve.
Véro Wed 3 Jun 2020 7:27AM
Oui "merci à vous" c'était merci à vous deux ! Je tutoie également :-)
Véro Wed 3 Jun 2020 8:12AM
je me demande quelle serait la finalité d'un site parallèle ?

DUPIOL Michel Wed 3 Jun 2020 8:23AM
Ma remarque est la même, pourquoi un site parallèle ???
Véro · Tue 2 Jun 2020 6:38PM
Il me semble qu'il est indispensable de se doter d'un outil de réflexion sur la manière dont celles et ceux qui ne peuvent (physiquement - mentalement - familialement) s'impliquer dans les formes visibles d'action pourraient tout de même agir. Je dis peut-être des bêtises, mais il me semble qu'on ne peut faire l'économie d'objectifs précis à construire (ou à détruire) et de se doter des outils plus ou moins discrets de participation pour tout.tes. On n'est plus en démocratie, on ne peut pas uniquement compter sur les jeunes et sur les retraitées.